Le problème quand tu cuisines…

Photo : Mes tartelettes du printemps aux petits radis roses et graines germées d’alfalfa, radis et fenouil.

 

… c’est que tu es souvent déçu(e).

Par les pique-niques, les pâtisseries à la boulangerie, les buffets qui se veulent gastronomiques alors qu’en fait pas du tout, et surtout, par les restos.

 
Les restos à bannir

Cet été, après un ciné où on est allés voir ce film chinois totalement déprimant choisi par papa Écureuil, Une pluie sans fin, où, en plus de la glauquitude ambiante, il pleut effectivement des cordes pendant tout le film, papa Écureuil a proposé qu’on se fasse un resto chinois.
Puisque le camion qui fait les burgers bio et les frites maison à côté du ciné était parti en vadrouille.
Ce qu’on a fait, donc.
Je n’étais pas allée dans un resto chinois depuis quoi, vingt ans ? Ou un tout petit peu moins ? Bon bah la déco est toujours aussi kitsch en moche, avec l’espèce de gros chat doré porte-bonheur à la patte qui tombe et qui remonte, les serveuses pas sympa, et les beignets de crevettes trop gras. J’ai eu mal au ventre en sortant et je me suis rappelée pourquoi je ne veux plus jamais y aller.

Attention, je ne doute pas qu’il existe de très bons restos chinois sur Paris. Mais voilà, les restos comme les hôpitaux sont une des grosses différences de qualité entre Paris et la banlieue.

Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de bon resto en banlieue, juste ils sont plus rares, on tombe rarement dessus par hasard (et pas rasé)…

Il n’y a qu’à déjeuner dans l’un de tous ces faux restos japonais qui pullulent depuis que les sushis sont à la mode. Où tu espères manger quelque chose d’un peu fin et léger mais tu sens direct que le saumon est gras et de mauvaise qualité. D’où tu ressors vaguement écœuré(e) et carrément assoiffé(e) parce que tu as noyé tes makis dans le tamari. Quand encore on ne te propose pas des makis Nutella / banane pour le dessert. Nan mais nan, quoi.

Et je ne peux omettre de ce triste tableau le resto indien, après lequel j’ai été malade trois fois en rentrant à la maison. Trois restos différents évidemment, un à Paris, deux en banlieue, car qui est assez maso pour retourner manger dans un resto qui l’a rendu malade ??
Alors depuis, le poulet tikka c’est chez moi, lassi et chapatis compris. Le baigan masala et l’aloo gobi aussi. Et soudain je digère très bien, merci !

 

Une photo d’un de mes déjeuners solo les plus réguliers en semaine : mon miam-ô d’été, directement inspiré de la recette du Miam-Ô-Fruit de France Guillain. J’ajoute toujours une bonne quantité de gingembre frais râpé dans les fruits, et des grains de pollen cru par-dessus. Même si c’est le mal

 

Sur Paris, ce que je déteste, ce sont les pseudo-restos africains occidentalisés pour une clientèle française au palais pas trop aventureux. Genre poulet mafé ou yassa d’accord, mais ou sauce gombo qui sent le chien mouillé non.
Ça m’énêêêrve.
Moi je trouve que le foufou de manioc sans huile de palme rouge de Guinée La Villageoise « au bon goût du village », c’est pas l’Afrique. Autant pas mettre cube Maggi dans sauce graine là !

Alors quand on a été déçu(e) moult fois par de piètres expériences exotiques, comme si, sous prétexte qu’on ne connaît pas la cuisine de là-bas, on ne pouvait pas se rendre compte de la médiocrité de ce qui est servi. Eh bien si. C’est comme le vin. Même si on n’y connaît rien – et personnellement je n’y connais rien – c’est bon ou c’est pas bon, c’est tout.
Je disais donc, quand on a été déçu(e), la tentation est grande de se rabattre sur un bistro français tradi, où au moins, on se dit, les ingrédients seront peut-être plus frais. Plus locaux. Ouais peut-être. Mais même pas forcément.
Et s’ils le sont, parce qu’on a choisi l’endroit avec soin et discernement, dans combien de restos, sans rapport avec le prix qu’on paye, la viande se révèle trop grasse, les légumes trop mous, les desserts incroyablement trop sucrés, et, le pire du pire, le poisson trop cuit ?

« Un poisson trop cuit est un poisson qui meurt deux fois. » J’ai entendu un chef dire ça un jour, je crois que c’était Pierre Gagnaire, je n’ai jamais oublié.

Enfin, ce que je déteste par-dessus tout*, ce sont les restos branchouilles. Le lounge, le paraître, le décorum et tous ces trucs qui m’exaspèrent. Donc je ne m’habille jamais quand je vais au resto. N’en déplaise à Barney, et à feue ma grand-mère. Enfin je m’habille avec mes habits mais je n’ai pas d’habits qui habillent.
Je ne cherche pas la provocation non plus (quoique, ce serait mal me connaître), je n’y vais pas en tongs mais j’y vais avec mes grosses Doc. Vu que, juste, j’ai pas d’autres chaussures.

Il y a plein de restos dans cette catégorie, et de plus en plus même, maintenant que la cuisine est devenue une activité tendance.

 

Une sorte de « sandwich-cake » frais, inspiré des smörgåstårta scandinaves, que j’avais fait avec des blinis maison de grand diamètre, et concombre, avocat, fromage frais et saumon fumé entre les étages.

 

Mais, ce qui m’agace encore plus, c’est quand, sous quelques mots culinaires à la mode, ou sous la formule possessive son, sa, ses sur le menu (exemple : « trio de quinoa germé et SA sauce crue cajou-maca »), et parce que la salle est un peu classe et les serveurs nombreux, élégants et obséquieux, la table se prétend gastronomique. Étoilé-like.

C’est ce que je n’ai pas aimé du resto de la thalasso de Dinard, qui se la raconte tout ce qu’il peut mais qui n’est pas meilleur qu’un autre, ni plus subtil, ni même original.

Peut-être que je suis trop exigeante (ok, c’est sûrement vrai) et que je vais me faire taxer de snob pour mes propos, comme les grandes dames qui se rendent à la thalasso de Dinard justement (thalasso qui m’a ravie, cela dit, en post-trois babi).
Mais ceux qui viennent régulièrement dîner à la maison savent combien ma critique est aussi acerbe contre moi-même quand ce que j’ai préparé n’est pas à la hauteur de ce que j’en attendais.

Mais je ne fais pas de fausse modestie.
Parce que c’est vrai que chez nous, sauf quand on fait la monodiète raisin, on mange bien. Et qu’au resto, la plupart du temps, c’est décevant.

À part chez Alain Passard, mais là je sens que j’aggrave considérablement mon cas de snob… Et c’est arrivé qu’une fois en plus. La première fois on peut toujours faire illusion. Briller. Impressionner. C’est comme tout, c’est durer qui est compliqué… (bon en même temps, Alain, ça fait un moment qu’il dure, c’est une valeur ultra chère sûre  😉 ).

 

Photo ajoutée après parution de l’article. Devant un warung, sur une plage de Gili Air (Lombok, novembre 2018).

 

* Sinon, un autre truc qui m’énerve trop (oui il y en a beaucoup, je sais), c’est quand tu vas dans une crêperie et que sur le menu il est écrit : « Nos galettes de sarrazin ». Nan mais arrêtez quoi !!! Il m’est même arrivé de ressortir d’une crêperie à peine arrivée parce que je venais d’ouvrir le menu et de lire ce foutu « sarrazin ». Non, c’est pas abusé (que je ressorte direct). Ce qui est abusé, c’est d’écrire « sarrazin », en dehors éventuellement des livres d’histoire et de religion. C’est vrai quoi, les mecs en cuisine, même s’ils ne savent pas comment écrire le nom de leur p… de céréale, ils ont bien un sac de farine de sarrasin avec laquelle justement ils font les crêpes, et sur lequel il est écrit « sarrasin » correctement, non ? Et si toujours tu sais pas, ben alors t’es prudent et t’écris sur ton menu : « Nos galettes de blé noir ». Non ? J’ai pas raison ???

 
Mon top ten des plus chouettes petits restos parisiens

Mais, en parallèle de tout ce que je viens de fustiger, quand c’est bon, je le dis avec la même verve !

Par exemple hier soir, nous sommes allés dîner avec Karim & Lena dans un petit resto éthiopien qui s’appelle l’Ase Theodros. Je connaissais déjà le Godjo, dans le même arrondissement, mais j’avais envie d’essayer celui-là, et il est très bon aussi.
La vérité, c’est que j’adore l’injera mais que je ne sais pas la faire. Enfin disons que je n’ai encore jamais essayé parce que je ne trouve pas de recette qui me convienne. Si vous en connaissez une qui est satisfaisante, je prends !

Allez, le TOP 10…

 

N°1 : Svetlana (52, rue d’Orsel, M° Abbesses ou Anvers, Paris 18e)
Une adresse de vrai love, chère au cœur de papa Écureuil et au mien ♥

Par Papa Écureuil.
Un restaurant russe, lieu magique, où le temps perd de son emprise et où vos sens sont mis à rude épreuve :

  • La déco, mi-révolution d’Octobre, mi-Anna Karénine, les chaises, les lustres…
  • Les chanteurs (à l’âme) russes ambulants…
  • La fraîcheur du tarama (qui n’est pas rose, qui n’a jamais été rose)…
  • La vodka qui coule à flot…
  • Les discussions avec le patron qui deviennent de plus en plus décousues à mesure que la soirée avance et qu’il vous sert (et surtout qu’il se sert) à boire…

→ Mise en garde : Le retour au monde réel peut s’avérer compliqué, comme par exemple se perdre en chemin alors que vous connaissez le quartier par cœur, ou bien terminer allongé(e) sur le trottoir à chercher les étoiles. Oui oui, ça s’est vu…  😉

[Note de Maman Ourse : J’ajouterais que si vous buvez autant de vodka que nous, nazdarovié, en plus de ne même plus retrouver à pied la gare Saint-Lazare qui est juste à côté, ça peut vous faire cher la soirée…]

∼∼∼ 

N°2 : Mavrommatis (42, rue Daubenton, M° Censier-Daubenton, Paris 5e)
Super bon resto chyprio-grec, avec une terrasse sous les oliviers, quand c’est l’été.
Mes meilleurs souvenirs sont les melitzanokeftedes (galettes d’aubergines à l’aneth et au fromage de brebis) et le poulpe mariné à l’origan (évidemment, c’était avant que je ne m’en dégoûte avec une seule petite goutte d’huile essentielle d’origan compact !).
Mais les carnivores peuvent toujours goûter au cochon de lait rôti et farci avec écrasée de dattes aux brisures de truffes…

→ Attention, je suis passée devant par hasard la semaine dernière, et c’était fermé, on dirait qu’ils sont en train de refaire toute la façade…

∼∼∼ 

N°3 : Nodaïwa (272, rue Saint-Honoré, M° Palais-Royal-Musée-du-Louvre, Paris 1er)
Un resto japonais, ouvert depuis 1997, dont la spécialité est l’anguille grillée.
L’anguille est conservée vivante, tuée au dernier moment, puis grillée sur la braise, cuite à la vapeur et plongée dans la sauce taré (à base de tamari et de mirin).

→ Unique à Paris à ma connaissance, c’est l’endroit idéal pour inviter ta femme enceinte frustrée de ne plus pouvoir manger de poisson cru. Enfin, c’est ce que j’ai fait moi… (et, plus précisément, je NOUS ai invités, rapport à ce que c’était moi la femme enceinte frustrée).

 ∼∼∼ 

N°4 : Thai House (42, rue Rodier, M° Anvers, Paris 9e)
Un resto thaï tenu par une Laotienne prévenante, qui vient te voir en salle pour s’assurer que tu vas bien et te demander ce que tu penses de ce que tu manges. Et ce que tu manges, c’est juste délicieux : salade de papaye verte, crevettes à la mangue, salade de bœuf pimentée, homok (c’est du poisson au lait de coco cuit hermétiquement à la vapeur dans une feuille de bananier comme au Cambodge, c’est trop bon !).

→ L’accueil est vraiment chaleureux, donc moi j’apprécie, et quand tu regardes autour de toi, tu vois que la clientèle est constituée d’habitués originaires d’Asie du Sud-Est, ce qui est très bon signe.

 

Bouillon d’épices, citronnelle, plein d’herbes fraîches… C’était notre soupe de riz quotidienne du petit déjeuner, dans une cahute au bord de la mer, au fin fond du sud du Cambodge (février 2010). Préparée par Kim, avec qui nous avons tout de suite sympathisé, cette soupe était une merveille de saveurs et de subtilité. (Et les deux grandes tasses de café en arrière-plan parce que c’est quand même le matin, faut pas déconner.)

∼∼∼ 

N°5 : Ase Theodros (7, rue Collégiale, M° Les Gobelins, Paris 5e)
C’est donc le resto éthiopien où j’ai dîné hier soir.  La patronne, Zoufan, cuisine tout elle-même avec des épices envoyées du pays, et le cadre est simple et tranquille.

Godjo (8, rue de l’École-Polytechnique, M° Maubert ou Cardinal-Lemoine, Paris 5e)
C’est l’autre resto éthiopien dont je parlais plus haut, et je crois qu’il garde ma préférence par rapport à l’Ase Theodros.
En plein dans le Quartier-Latin, sur une mignonne petite place, c’est authentique et c’est très très bon. Le bayayennatou (spécialité nationale éthiopienne) est servi sur l’injera, et on mange tous dans le même grand plat avec les doigts (et moi j’adore manger avec mes doigts…).

→ Attention, c’est tout petit donc il vaut mieux réserver.

∼∼∼ 

N°6 : Ty Breiz (52, boulevard de Vaugirard, M° Montparnasse, Paris 15e)
Sans hésiter, LA meilleure crêperie de Paris (et c’est bien écrit : « nos galettes de sarrasin » sur le menu, avec un « s », donc les crêpes sont meilleures  😉 ).
Ruez-vous sur la crêpe aux pommes confites et caramel au beurre salé maison. Je sais qu’en vrai vous non plus vous n’avez plus faim pour le dessert mais allez, quand même, une gourmandise à l’état brut… Juste pour prouver que vous résistez à ces cures détox qui nous assaillent de toutes parts…

→ C’est plein tout le temps, mais on ne peut pas réserver.

∼∼∼ 

N°7 : Késako (12, rue Véron, M° Abbesses, Paris 18e)
Resto espagnol tout simple, sans chichis. La cuisine est vraie et généreuse, et les deux sœurs qui servent le sont tout autant. En tablier, natures et pas maquillées.
Tu t’assois à la grande table, tu partages des tapas, tchak comme dirait Frantz, c’est chaleureux. Et pas cher.

→ Dans un des plus chouettes quartiers de Paris, touristique certes, mais chouette quand même, il est bon d’avoir une adresse fiable qui ne soit pas une plaque à touristes. Et si vous êtes en amoureux, le Svetlana n’est pas loin (voir n°1)…

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N°8 : Khrishna Bhavan (24, rue Cail, M° La Chapelle, Paris 10e)
Un resto sri lankais où Papa Écureuil est allé dîner avec « la copine de papa » comme disent les babi (coucou Célia !).

Par Papa Écureuil.
Petite cantine sri lankaise qui sert à manger dans des plateaux en inox. Attention, ce n’est pas pour le touriste : la clientèle d’habitués qui mangent de la main droite (entendez par là « sans couverts », et non pas « droitiers ») vous met la puce à l’oreille…
Un régal d’authenticité.

→ Une authenticité qu’on pourra vérifier très bientôt car… oui, le Sri Lanka est bien la toute première étape de notre TDAP ! (Et hop, fin du mystère).

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N°9 : Thaï Yim 2 (70, rue Château des Rentiers, M° Olympiades, Paris 13e)
Un très bon resto thaï, où papa Écureuil a pris à emporter pour une soirée entre potes, donc on ne peut rien dire sur le service. Mais tous les plats traditionnels thaïlandais sont à la carte et apparemment aussi bons les uns que les autres : soupe Tom Ka Khaï, pad thaï, curry vert au lait de coco…

→ Je n’ai pas testé moi-même ce resto mais Mickaël oui, et il est la seule personne l’une des rares personnes en qui j’ai toute confiance quand il s’agit de goûter quelque chose… S’il dit que c’est très bon, c’est que c’est très bon !

∼∼∼ 

N°10 : Centre culturel arménien (17, rue Bleue, M° Cadet, Paris 9e)
Une véritable cantine arménienne, tenue par un couple d’Arméniens de Géorgie adorables. On mange dans une grande salle – quand je dis cantine, ça veut dire cantine – avec des portraits au mur, qui abrite aussi de multiples associations. La clientèle est donc associative, ou du quartier, le midi, et clairement arménienne le soir.
Bortsch, pierogi arméniens, chachliks russes… Il y a aussi les phkali géorgiens (le patron m’a dit de prononcer « rikali », mais quand même c’est au bœuf, j’ai pas trop aimé), et les cannellonis arméniens (ce sont des sortes de lasagnes au fromage à base de pâte filo, c’est très bon).

→ L’accueil est super chaleureux, genre on te parle d’Aznavour et de Guédiguian comme si c’étaient tes potes, et on t’embrasse quand tu t’en vas…

 

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Et vous, vous cuisinez ?

Si oui, avez-vous remarqué que cela vous rend plus exigeant(e) au restaurant ?

Y’a-t-il un resto en particulier dans lequel vous allez manger les yeux fermés ? (à part Dans le noir  😉 )