Quand j’étouffe, souvent je prends mon Bic noir, j’écris.
Mais parfois ça ne suffit pas. Quand je ne supporte plus rien, quand je suis trop « chargée » dans ma tête et que je n’ai plus de bande passante, je ne peux même pas écrire.
J’ai besoin d’aller courir.
Et pourtant…
Longtemps j’ai détesté le sport.
Avec ma super cops, celle de tous les coups foireux tous les naufrages, on a tenté de me casser le majeur avec un ballon de basket, l’objectif étant que je sois dispensée du bac à la fin de l’année de Terminale.
J’ai eu super mal, malheureusement il n’y avait rien à la radio. Que mon médium en os en train de me faire un gros doigt dans la face.
Puis je me suis mise à courir. Après le bac. J’ai couru comme on combat, pour me faire mal, sentir que j’étais vivante. Pour soumettre mon corps surtout, jusqu’au bout, me prouver que j’étais plus forte.
No pain no gain.
Ça a très bien marché. Le sport devient une drogue, l’effort physique une jouissance, l’épuisement un apaisement.
J’ai eu moins de poids à porter, et courir est devenu de plus en plus facile. Je courais de plus en plus loin, de plus en plus vite, de plus en plus longtemps.
Le corps est tellement bien fait. Passé un certain seuil, il n’y a plus de douleur, plus de limite.
Et puis, à force, tu deviens si légère que tu t’envoles. Mais tu n’as pas senti le moment où tu as quitté le sol, tu crois que tu es toujours dans la course. Tu cours tu cours, tu ne vois même pas que tu cours au-dessus du vide. Et quand tu tombes (parce que tu vas tomber), tout est cassé et tu n’es pas près de pouvoir courir à nouveau.
En quelque sorte, c’est ton corps entier qui te fait un gros médium.
Si tu avais cru que. Ben non.
Le corps a ses raisons
C’est seulement il y a trois ans, quand j’ai arrêté d’allaiter le Marcass’ et récupéré mon corps pour mon usage exclusif, que j’ai recommencé à courir pour de vrai. J’aurais aimé suivre un programme de remise en forme intensif et personnalisé mais bon, tout le monde n’a pas le coach sportif de Charlize Theron. Ni le temps disponible, avec trois enfants petits.
Alors que la course, c’est quand tu veux, où tu veux, la durée que tu veux, rapide, lent, en avant, en fractionné, et plus si affinités…
D’ailleurs j’en connais qui courent en couple, ou en bande, à plusieurs.
Moi je cours seule.
Un peu plus d’une heure, deux fois par semaine.
J’en ai besoin.
Puis, chaque fois que j’ai voulu passer à trois sorties semaine, mon corps m’a posé un stop clair et sans négociation possible.
Quand le Marcass’ est entré à la maternelle, j’ai tenté la troisième sortie pour retonifier un peu tout ça, bam fracture de la cheville.
Quand je me suis inscrite à la course « 10 km pour Elles », j’ai tenté la troisième sortie pour m’entraîner, tiens grossesse extra-utérine dans ton ventre (sous stérilet parce que 1% de risques et c’est pour toi, c’est plus sympa).
Quand j’ai pensé à rejoindre un club d’athlé, j’ai tenté la troisième sortie pour progresser, paf énorme entorse sur la précédente fracture, pas si bien consolidée faut croire, de la même cheville.
Gros coup dur, juste avant l’été dernier.
Apprends qu’une entorse peut être plus douloureuse qu’une fracture. Si si. Ça casse pas, mais ça passe pas non plus.
C’était fin juin, ça a nécessité deux mois de repos total + quatre mois de rééducation, à la suite de quoi Papa Écureuil – qui ne pensait déjà plus qu’à notre grand voyage – a dit :
– Ok, c’est fini maintenant cette histoire de troisième sortie. Personne tombe malade, personne se casse rien, dans neuf mois ON PART !
Dans deux mois maintenant, mais justement, je ne retente pas.
Je cours sans forcer. C’est assez nouveau pour moi.
Après le voyage donc, la troisième sortie semaine.
Parce que, en rentrant, je courrai le semi avec ma cops Maud.
Et peut-être, un jour un peu plus lointain, ma cops Carole rentrera du Canada pour faire le grand marathon de Paris avec moi ? 🙂
Emmener ou ne pas emmener mes Brooks
« Mais sinon, pour le voyage, tu vas prendre tes baskets ou pas ? », demande Papa Écureuil qui est plus terre à terre et pas mal obsédé par le poids des bagages. Et qui s’en fout que ce soit des Brooks, mes baskets. Celles de la photo en tête d’article.
Quand je les ai essayées dans la boutique, le vendeur, qui fait bien le job parce qu’il court, lui, le marathon, m’a demandé :
– Comment tu te sens dedans ? Il faut que tu sois bien tout de suite, comme dans des chaussons.
Sauf que pour moi les chaussons c’est le comble de l’horreur donc je peux pas dire un truc comme ça ! Dans mes Brooks, je suis bien comme si j’étais pieds nus. Ça ne fait pas de moi une version à poitrine d’Abebe Bikila malheureusement, mais j’adore être pieds nus.
Quand je cours, j’ai plein d’idées qui me viennent. Des rêves, des nouveaux trucs à faire, à écrire, des recettes, des projets, des choses à changer… Toute cette créativité dont j’ai besoin pour me sentir vivante et que je n’entends pas à cause de ce dont j’ai déjà parlé ici et là.
Quand il y a trop de MAMAN MAMAN MAMAN autour de moi, au dedans de moi, partout, courir m’aide à trouver du calme en dessous.
Parce que quand je cours, je suis seule.
Une vraie chambre à moi d’une heure pour écouter ma tête qui pense et mon corps qui bouge.
Donc la perspective de me retrouver 7j/7 et 24h/24 avec les babi, sans pause de maman, et qu’en plus ce ne soit pas la fête du slip à paillettes, fait que…
OUI, JE PRENDS MES BASKETS !
(Dussé-je me les accrocher au cou par les lacets, si faute de place dans les bagages. Mais 600 grammes à peine, soit dit en passant.)
*****
Et pour vous, le sport c’est oui depuis toujours ou jamais de la vie ?
Rappel ultime Défi #1 : Forbans, c’est ici !
C’est l’été, osez enfin votre premier commentaire sur le blog…