Sans vouloir t’insulter

Photo : Au mariage de Marc & Magali (15 mai 2021).

 

Il y a quelques semaines, le Grand Lièvre (10 ans, photo ci-dessus) devait faire un exposé oral. Mais petit l’exposé, rapide, d’ailleurs c’était même pas vraiment un exposé, faut pas déconner, simplement une sorte de mini fiche de lecture devant la classe d’un livre qu’il a lu – L’école des massacreurs de dragons, pour votre information.

Je trouvais que ce n’était pas trop demander quand même, ça nécessitait peu de travail, mais, je ne sais pas ce qui s’est passé pour lui, si c’est parce qu’il a réalisé qu’il allait devoir consacrer un peu plus de temps à ses devoirs que ses cinq minutes quotidiennes, mais ça l’a mis de très mauvaise humeur. Déjà que c’était un soir où on l’avait forcé à prendre une douche. Alors là d’un coup, dans son pyjama Super Mario, il s’est énervé, il a jeté par terre au milieu du salon son cartable, sa trousse (heureusement elle ne contenait qu’un stylo rescapé et une gomme), et il m’a fallu plus de temps que d’habitude à moi aussi pour comprendre ce qui était en train de se jouer.

Le gros stress que la perspective de cet « exposé », aussi petit soit-il, générait en lui, l’enfant.
Le trac de prendre la parole en public, seul devant la classe, la vulnérabilité d’être soi-même exposé, et que sais-je encore.

J’ai donc arrêté de crier sur lui que franchement, POUR UNE FOIS qu’on lui demande un effort de travail, s’il croit que la vie passe kiltran sur son Togo à s’enfiler les doigts dans le nez en lisant des BD, ben non c’est pas ça tu vois, t’as trop la belle laïfe ici, on te fait pas chier, tu rentres de l’école tu prends ton goûter tu vas jouer, t’as aucune contrainte, même pas tu vides le lave-vaisselle, c’est à peine si tu mets tes chaussettes au sale des fois je cherche la deuxième pendant dix minutes dans ta chambre et sous ta couette sans parler de tes lunettes, mais en fait on a tort, on t’habitue mal, tu crois que tout va être facile comme ça toute la vie tout le temps ? Que t’auras jamais à te sortir les doigts du biiiiip en lisant des BD ?

 

L’enfant qui, selon mon programme (variable) du mercredi, peut passer quatre heures devant des jeux vidéo. En pyjama Mario Bros. Mais il peut pas se saquer pour écrire quatre mots avec son stylo, non ça c’est trop (mai 2021). 

 

Bon voilà. Hum. Et puis, quand j’ai compris que sa colère n’était pas née de la paresse (moi la flemme ça me rend hystérique) mais d’une angoisse plus profonde, j’ai posé mon fusil.

Après mon laïus personnel sur la peur que mes trois enfants connaissent par cœur, le pire c’est la peur blablabla, si tu fais un pas en avant, la peur recule d’un pas reblabla, c’est quoi le pire du pire qui puisse t’arriver, etc. etc. Un jour quand je serai vieille, dans une réunion de famille où ils seront tous là avec leurs enfants, ils me tailleront là-dessus. Ils se moqueront.
Après mon laïus personnel sur la peur donc, j’ai tenté une nouvelle approche. Plus tendre, plus douce, plus « maternelle ». Je vous l’offre en cadeau parce qu’aujourd’hui c’est la fête des mères.

– Je te fais un câlin Lulu ?
– Non laisse-moi ! J’ai pas envie.
– Mais si…
– NON ! Je suis en colère.
– Ah… et si c’était moi qui avais besoin d’un câlin ?
– Le prends pas mal mais je te dirais d’aller te faire cuire un œuf. Sans vouloir t’insulter.

Paf dans ta face ! Allez bonne nuit Mario, salut !

Et devinez quoi ? Cette semaine, la maîtresse lui a demandé de faire un exposé sur ce qu’il a fait le premier jour de la réouverture des musées. Un VRAI exposé cette fois, pas son mini truc de fiche de lecture à deux balles.
Évidemment c’était l’occasion rêvée de lui imposer demander d’écrire un article sur le sujet et de vous en faire profiter, je ne pouvais pas la rater ! Préparez-vous parce que ça va dépoter… Pour l’instant je tape ce qu’il me dicte et je comprends pas un mot !!!
Surveillez bien les prochaines publications  😉

 

Mon œuf. Je me le fais cuire.

 

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Et vous, vos enfants vous souhaitent une bonne fête de ta mère (sans vouloir t’insulter) ?