Mon trésor du mois de mars 2023

Annecy. Photo de Noa Zagiel (13 ans).

 

Mon trésor du mois, c’est cette photo que m’a envoyée mon neveu Noa, dont on aperçoit en transparence la silhouette qui prend la photo. Mon neveu Noa qui m’envoie régulièrement des chansons et des photos, dont celle qui a été à l’origine de l’idée de cette série mensuelle. C’était mon trésor du mois de janvier 2023.

Et si on arrêtait de bouder parce qu’on n’a pas assez ? Parce qu’on n’a pas TOUT ?
Et si on arrêtait de bouder parce qu’on croit qu’on n’a pas assez tant qu’on n’a pas TOUT ?
Ou qu’on n’a pas TOUT exactement comme on voudrait, c’est-à-dire sans les trucs qui vont avec le TOUT mais qui sont difficiles, alors ce qu’on veut, c’est le TOUT mais sans ces trucs ?

Quand j’étais petite, je boudais beaucoup. Souvent. Maintenant c’est fini parce que quand je suis triste, en colère, ou simplement contrariée, je le dis – je suis quelqu’un qui dit les choses.
Mais on ne dit pas tout. On ne dit surtout pas ce qu’on a appris petit·e qu’on ne devait pas dire. Donc à l’intérieur il semblerait que la petite moi qui boude soit toujours là. Qui continue de bouder. Et comme je ne l’écoute pas parce que je n’ai plus six ans sur les pistes de ski, la rage au ventre, dragonnes autour des poignets et les dents d’un moniteur ESF à éclater avec mon bâton (true story), au bout d’un moment elle se vexe. Elle se fâche.

Ah donc c’est interdit de parler ? Tu vas avoir 45 ans et je ne peux toujours pas te dire ce qui me fait mal ? Eh ben je vais te le tousser, voilà. Je vais te le tousser tellement fort et pendant tellement longtemps que tu vas étouffer de toux tout ce que j’avale et tu pourras plus respirer et ce sera bien fait pour toi !

 

C’est ainsi qu’au début du mois est venue la TOUX. La TOUX qui n’est ni infectieuse ni virale, la TOUX qui ne supporte plus rien, la TOUX qui t’étouffe. Et non seulement je ne peux plus respirer (comme finalement chaque année avant mon anniversaire, business as usualNewsletter 23 # 24 mars 2019), mais en plusse j’ai des conversations pénibles, comme on voit.

Je vous passe les détails et les rebondissements, les tentatives (échouées) de bâillonnement de la petite moi qui l’a jouée comme si elle allait mourir de détresse respiratoire. Depuis, je soigne mon asthme avec un traitement pour deux fois mon poids (sûrement le médecin a vu qu’on était deux, elle prend tellement de place), et elle et moi on est K.-O. pour quelque temps.

 

Dans ces moments-là, même si t’as les cheveux courts, ça change vraiment la donne de savoir que quelqu’un est là pour toi et te tient la main au bord du trottoir.

 

C’est au fond de cette zone sombre, à base de soucis de santé et de perturbations émotionnelles, le tout secoué dans le grand shaker du manque de sommeil (je vous prépare un article très bientôt sur Le sommeil & moi), qu’une nuit d’insomnie, dans le dernier roman de Virginie Despentes, Cher connard, j’ai lu :

« Prends ce qui vient avec le territoire et va t’acheter une paire de couilles. » (p.61)

Ça m’a remis les idées en place, je te jure. Mais net. Pourtant j’étais shootée par les médicaments qui venaient de m’être prescrits pour libérer ma cage thoracique, toute la journée j’avais l’impression d’avancer dans le brouillard, mais cette nuit-là, la phrase de Despentes dans le contexte du livre qui n’a rien à voir avec le mien, est arrivée au bon moment. Elle m’a sonné les cloches de : eh, meuf, arrête de couiner.
Tu peux pas vouloir le soleil sur ta peau sans le risque de la brûlure. Le sommet de l’Himalaya sans l’effort de l’ascension. La mer (l’amer, la mère ?) sans le sel.
Si tu aimes manger du poisson, ne viens pas pleurer parce que tu t’es enfoncé une arête dans la gorge et qu’elle te fait tousser. Si tu peux pas supporter les arêtes, ben tu renonces au poisson, mais tu n’attends pas de l’expérience manger du poisson qu’elle te fasse de la compote de pommes dans la bouche.
T’as compris ou pas ?
Voilà.
Donc maintenant ARRÊTE DE COUINER PUTAIN ! (Et va t’acheter une paire de couilles. Des nouvelles. En rose fluo.)

 

Si tu n’acceptes pas la règle que les sardines ont des arêtes, ben alors tu joues pas au loup à la sardine. Une soupe, un pisse-mémé et au lit ! Merci Guillaume Long pour cette nouvelle illustration de sardines…  😉

 

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Et vous, quel trésor offrez-vous à votre petit·e moi qui tousse ce mois-ci ?