En bad SPM ? Appelle SML !

PMS= SPM (syndrome prémenstruel).

 

Vous vous rappelez vendredi dernier ? Ce 1er avril où d’un coup d’un seul on s’est retrouvés en plein hiver à remettre bonnet, gants, écharpe alors qu’on croyait que c’était le printemps, je rencontrais des écureuils intrépides qui se laissaient prendre en photo sur mon chemin, y’avait de la lumière et des petites fleurs qui s’ouvraient partout, et d’un seul coup, noir, plus rien, vous vous souvenez ?

Bon bah ce soir-là, dans le froid humide et triste qui suintait des murs de ma maison, j’ai recopié un poème sur la première page de mon nouveau carnet, puis j’ai senti une boule dure se former dans mon ventre, enfler enfler enfler, et j’ai tapé v’là la crise de bad SPM… 🤬
J’ai hurlé comme une mère hystéro sur les deux plus jeunes de mes enfants qui jouaient à se narguer l’un l’autre, me rapporter des insultes, embêter leur grande sœur et claquer des portes. Des enfants de huit et dix ans quoi. J’ai hurlé, hurlé qu’en fait je suis trop cool, qu’ils se rendent pas compte que je suis trop cool mais que j’en ai marre d’être cool, et clairement s’ils passaient une semaine dans une autre famille, rien qu’une semaine, alors ils verraient hein, et ils comprendraient ce que c’est la vie parce que moi là j’ai qu’une envie c’est me barrer d’ici, et autres discours tout pourris que même si jamais de ta vie t’as ouvert un bouquin de pédagogie tu sais que t’es en train de faire de la grosse merde avec tes enfants.
Comme moi en plus j’en ai ouvert, de ces ouvrages de développement personnel brillants de bienveillance et de parentalité positive, j’étais tout à fait aware, en pleine conscience que j’étais justement en train de faire de la grosse merde avec mes enfants. Mais. Je pouvais pas m’arrêter puisque j’étais en SPM. Tu vois mon problème.

Alors c’est vrai que j’aurais pu m’isoler et appeler une copine ou deux pour couiner un peu. Ouvrir les vannes, laisser couler des torrents de larmes que je ne sais même pas où elles étaient cachées et pleurer sur mon sort parce que tu comprends, les autres ils sont méchants et moi je suis triste et j’ai de la peine et mon cœur il s’effrite encore plus vite qu’une boulette de shit. Mais. Re-mais. Il était 19h et j’avais pas le temps parce que j’avais plein de légumes frais que j’avais achetés à la ferme deux jours plus tôt dont je devais m’occuper, peser, nettoyer, couper, batcher pour le week-end et tout. Vis ma vie.

Donc j’ai appelé personne. J’ai envoyé un texto à mon mec au travail (qui en fait était allé boire une bière avec un collègue trop sympa en sortant du taf) pour dire : j’en ai marre de tout, je pète les plombs avec les garçons, et je te préviens qu’on va manger tard parce que j’ai pas encore commencé à préparer pour nous deux et y’a pas moyen qu’on dîne avec les enfants ce soir !
Il a répondu : bien sûr mon amour. Sobre, efficace. Sans risque. C’est mon mec, il me connaît bien.

 

« Voici un résumé rapide de ce qu’il est possible de me dire quand j’ai mon SPM (syndrome prémenstruel)… »

 

Après, devant la fenêtre sale de ma cuisine qui me montrait ce ciel de novembre en avril, je me suis servi un rhum piment de Gilbert, j’ai posé la planche à découper sur le plan de travail et j’ai allumé la tablette. Dans cet ordre. Ensuite, et c’est de ça que je veux vous parler, j’ai écouté le podcast Les gens qui doutent, avec Sophie-Marie Larrouy. SML, si vous préférez.
Celles et ceux d’entre vous qui suivent le mieux, vous allez me dire : eh mais t’en as déjà parlé ! Dans cet article, Merci SML, tu parlais déjà de ce podcast !

Oui mais. Re-re-mais. Il se trouve que SML est retournée chez Fanny Ruwet pour un deuxième épisode (#41 du 27 juillet 2021), et celui-là eh ben je sais pas comment ça se fait mais j’étais passée à côté. Et j’ai tellement aimé entendre SML cette fois encore que je ne peux pas ne pas le partager avec vous ! Alors peut-être que c’était à cause du vendredi d’hiver, de mon SPM et tout et tout, je sais, c’est bien pour ça que j’ai pris la peine de vous faire tout ce préambule sur la mère hystéro. N’empêche.

Si un autre jour où ça devrait être le printemps c’est l’hiver dehors ET dans ton cœur parce que, en vieillissant, ton SPM devient de plus en plus violent, eh ben sers-toi un rhum et sache que SML est là pour toi.

Pendant 1h30 d’épisode, j’ai nettoyé, lavé, essoré, paré, ébouillanté des choux de Bruxelles, des épinards frais, du cresson, et à la fin je te jure j’avais envie de rigoler. Et c’était pas l’effet du rhum parce que honnêtement il ne restait qu’un tout petit fond dans la bouteille que j’ai fini dans le verre à shot que ma copine Marlou m’a rapporté de Norvège alors tu vois !

Non, si tu rigoles, c’est l’effet SML.

Bon évidemment, quand les enfants sont remontés pour dîner tous les trois (il était quasiment 21h déjà) et que j’ai éteint le podcast, j’ai senti la boule dans mon ventre revenir et durcir et enfler de nouveau. J’étais fébrile dans mes gestes, je voulais qu’une chose c’est que les enfants aient fini, qu’ils aillent au lit et qu’on ait une soirée tous les deux Mickaël et moi. J’ai sorti les startines du four. La startine, c’est un mot inventé par le Marcass’ quand il avait six ans pour désigner ce plat rapide que je fais pour eux et qui s’apparente à une bruschetta basique tomate-ail-olives-origan. Donc j’ai sorti les startines du four, je les ai coupées en carrés, j’ai servi les enfants et j’ai préparé les suivantes. Fébrile, toujours. C’est alors que mon corps a enregistré quelque part dans sa mémoire perso où mon cerveau n’est pas, à mon insu si tu veux, que l’origan ne se saupoudrait pas bien à travers les petits trous du couvercle. Qu’il ne se déversait qu’avec parcimonie. Mais ça je ne l’ai pas conscientisé, tu imagines bien, dans l’état dans lequel j’étais, que je pensais à tout autre chose qu’à l’origan de sa mère l’origan ! Mais mon corps, lui, alors que par ailleurs le gars s’est mis en grève de tout, ce truc stupide de l’origan qui se déverse pas bien, ça tu sais pas pourquoi mais il le garde. Ça le mec ça lui paraît important, il l’enregistre dans son geste. Et moi toujours fébrile, j’enfourne les startines suivantes. Là je m’aperçois que j’ai oublié de les parsemer d’origan. Parsemer, j’ai bien dit parsemer. Et comme mon plan de travail est envahi de tous les légumes et herbes fraîches que je suis en train de préparer pour les peser par petits paquets pour telle et telle recette, voire congeler pour certains, et comme les enfants sont à table et que je ne peux pas poser la plaque du four sur la table puisqu’elle est brûlante, je n’ai pas de place pour parsemer les startines tu vois. Je n’ai pas de place pour les PARSEMER du fucking origan. T’aurais fait quoi à ma place ?
Alors bah j’ouvre le four, je tire la plaque mais je la laisse dedans. Je vais saupoudrer dedans je me dis, déjà que je suis vénère d’avoir oublié ce putain d’origan parce que ça ne fait que retarder encore la fin du repas des enfants, le coucher, et donc ma soirée. Je suis fébrile. Je l’ai déjà dit plusieurs fois mais je le répète parce que c’est important pour la suite qui vient tout de suite. Je suis fébrile et, en me dépêchant, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment, sûrement à cause de la mémoire perso secrète de mon corps à la con, au lieu de juste soulever la putain de languette du couvercle du pot d’origan, je dévisse complètement le bouchon, ça me prend pas plus d’une seconde, j’enlève le bouchon et je retourne le pot et alors tout mon origan séché bio qui coûte une blinde se trouve renversé sur la startine. Une montagne d’origan s’te plaît ! Une pyramide !

J’ai lâché une cascade des pires gros mots auxquels mes enfants sont parfaitement accoutumés au moins une fois par mois – oui ce SPM-là par mois, t’as compris.

J’ai gueulé que la vie c’est de la mârde, franchement si les fabricants sont même pas foutus de placer une sécurité sur les pots d’épices en poudre et d’herbes séchées alors à quoi bon, et puisque personne n’en a rien à foutre de rien, pourquoi moi je continue de me préoccuper de tout le monde comme une conne, pourquoi je me fais encore chier à aller acheter des épinards frais à la ferme [* voir note en fin d’article], putain mais autant arrêter de cuisiner alors, d’façon c’est quoi le sens de tout ça quand tu vois ce qui se passe dans le monde, etc., etc.

 

« J’ai mon SPM (syndrome prémenstruel) et un flingue. Des questions ? »

 

Après je me suis rappelé que j’allais juste avoir mes règles. Demain. Et que lundi, mardi plutôt, le brouillard se serait dissipé et ça irait mieux. Qu’en attendant que ça aille mieux, demain je pourrai toujours écouter un épisode d’À bientôt de te revoir pendant que j’émincerai des poireaux ou que je ferai un nouveau gâteau, par exemple au gingembre.
Il faudra seulement bien m’assurer que personne ne me dérange. Que personne ne me demande rien. Que personne ne me dise quoi que ce soit ou je crie.
Et c’est ce que je fis (comme la petite poule rousse, pas celle de l’école qui est tombée morte raide comme un bâton mais l’autre, celle de l’histoire de Byron Barton – et c’est ce qu’elle fit).

« Au pire rien. Au mieux, super ! »

C’est SML qui conclut dans la joie l’épisode #41 des Gens qui doutent que j’ai écouté ce vendredi 1er avril 2022 de SPM de merde et d’origan idem. Et je maintiens et appuie ce que j’ai dit il y a des mois déjà, et je le (re)partage avec vous : quand j’ai pas le moral, écouter SML se marrer ou faire ses métaphores chelou qui sonnent pourtant tellement juste à mes oreilles, qui me parlent tellement comme si elles venaient de l’intérieur de moi, ça me fait du bien.

Elle, Sophie-Marie, raconte : maintenant quand je suis mal, j’appelle une copine et je lui dis tu veux pas venir sur mon canap’ avec moi ? Et ta cops elle vient, elle te caresse les cheveux…
Ça m’a fait une déflagration, vous pouvez pas savoir. Je me suis dit : mais la meuf quand elle est mal, elle appelle ma copine Adeline ou quoi ?!

Écoutez-la. Et dites-moi ce que ça vous fait.
Précision importante : on peut écouter SML même si on n’est pas en SPM. Même si on est ménopausée. Même si on est un homme. Même si on a huit ans – si si, tu vas lire juste après.

 

 

 

* Note du mercredi 6 avril *
(Après mes règles, quand c’est plus l’hiver sous SPM et que tout redevient possible et la vie formidable, il y a même des coccinelles qui font des bébés dans mon jardin)

Réponse à l’auto-questionnement du vendredi 1er avril après la montagne d’origan

Je continue de me faire chier à aller acheter des épinards frais à la ferme près de chez moi parce que les épinards frais que tu fais fondre avec de l’ail c’est un des meilleurs trucs à manger au monde. Et bien manger c’est la vie !, comme dirait mon plus jeune enfant qui a huit ans, qui aime SML et qui sait super bien l’imiter d’après la vidéo Konbini (à 4’23) que j’avais partagée avec vous dans mon article Dérive d’octobre.

Et si Marcel a vu cette vidéo, de même que les photos et parfois un dessin que j’enregistre dans mon ordi, c’est qu’il est toujours derrière moi collé parce que j’ai pas de bureau. Enfin techniquement j’ai un bureau, un vieux meuble en bois que j’aime, mais j’ai pas de bureau-pièce. Mon bureau-meuble est dans le salon, entre le salon et la cuisine, c’est sa place, et comme Marcel aussi c’est sa place entre le salon et la cuisine, il regarde tout ce que je fais, il fait tout ce que je regarde, et il est COLLÉ À MOI tout le temps parce que les câlins en plus de manger, maman, c’est la vie !
Maintenant l’imitation de SML est devenue une running joke entre nous ; quand je lui dis non pour quelque chose, il penche sa tête et il dit :

– Allez… allez m’man… t’as pas une p’tite confiote ?

 

Extrait audio : Marcel imite SML (6 avril 2022).

 
Références

Podcast Les gens qui doutent, de Fanny Ruwet, épisode #41 avec SML (27 juillet 2021) : https://www.youtube.com/watch?v=VJfMSId3-DU

Et quand vous l’aurez écouté sur YouTube ou sur votre plateforme de podcasts habituelle, peut-être que va s’enchaîner l’épisode précédent, #40 avec Augustin Trapenard (8 juillet 2021) : écoutez-le aussi !

Podcast Les gens qui doutent, de Fanny Ruwet, épisode #14 avec SML (10 mars 2020) : https://www.youtube.com/watch?v=kGZL4xRxRfg

Podcast de Sophie-Marie Larrouy, À bientôt de te revoir : https://www.binge.audio/podcast/a-bientot-de-te-revoir

 

*****

 

Et vous, depuis que je vous ai parlé de SML, vous l’avez écoutée ?