J’ai les boules

Photo : Le Chat de Geluck, galerie Paul Janssen.

 

Vis ma vie avec une collégienne de 14 ans (qui habite dans sa chambre porte fermée) et deux garçons de 10 et 12 ans qui habitent dans le salon, dans la cuisine, et de manière générale dans toutes les pièces où je me trouve. Donc possiblement les toilettes et la salle de bain aussi.
Cette promiscuité donne parfois des scènes auxquelles je voudrais, dans mon idéal de parentalité (pour ce qu’il en reste) qu’ils n’assistent pas. Par exemple quand je m’habille après la douche et que je me parle à moi-même, à voix haute ou avec mes gros yeux.

– Mais non mais j’ai grossi là !!! Regarde mon short comment ça fait !

Et le Grand Lièvre qui a 12 ans, dont tu crois qu’il est perché mais qui perçoit tout très bien comme font les hypersensibles, saisit parfaitement et sans le moindre doute que ce que tu dis est chargé de jugements négatifs. Et c’est ça ton problème ! Ce que tu ressens pour ton corps va à l’encontre de ce que tu voudrais apprendre à ressentir et que tu essayes, malgré tout, de transmettre à tes enfants sur l’acceptation de leur corps.
Voilà pourquoi, dans ton idéal de cohérence parentale, TU N’AS JAMAIS DIT CE QUE TU VIENS DE DIRE. Parce que, ce que répond l’enfant dans la salle de bain, c’est :

– Mais c’est pas toi maman, c’est le short qui est trop serré ! T’inquiète pas.

T’inquiète pas, te dit l’enfant. C’est donc qu’il cherche à te rassurer. À te protéger de ton angoisse. En même temps qu’il intègre, à cause de toi, que grossir c’est pas bien. Il intègre comme vraie, à cause de toi, l’idée fausse ET toxique contre laquelle tu te bats.
Tu fais de la merde. Je te jure. T’as gagné le pot de miel de la merde qu’on se voit faire en tant que mère (de merde, allez).

Même si, attention, il y en a chez toi qui ne t’ont pas attendue pour apprendre à s’aimer eux-mêmes lui-même. Qui pourraient te donner des leçons d’amour de soi.

Et c’est lui, l’autre enfant, celui qui a 10 ans, qui te dit :

– Moi j’aime bien tes boules, là, sur les côtés.

 

Voilà. Voilà voilà.
Chez nous, on les appelle à l’anglaise : les balls. Mais depuis Pénélope Bagieu, je sais qu’on peut aussi parler de muffins. À l’américaine, si tu préfères. American muffins.

 

… l’acceptation ? (Dessin de Pénélope Bagieu, Ma vie est tout à fait fascinante.)

 

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Et vous, les balls vous aimez ?
Aimez-vous les vôtres autant que celles des autres ?