Ka maté ka maté ka !

Photo : Le Chouch devant une sculpture de guerrier maori (Nouvelle-Zélande, décembre 2018).

Quelques éléments que j’ai appris de la culture maorie et de ses racines communes à tous les peuples de Polynésie.

 

Les mythes communs au monde polynésien, dont sont issus les Maoris (Nouvelle-Zélande) et les Maohis (le reste de la Polynésie), racontent comment le demi-dieu Maui aurait pêché l’île du Nord de Nouvelle-Zélande du fond des océans et comment son canoë pétrifié serait devenu l’île du Sud de Nouvelle-Zélande.

D’autres histoires décrivent l’arrivée de Kupe, le premier Maori, depuis Hawaiki, terre sacrée que certains assimilent à l’île de Raiatea. C’est lui qui nomme Aotearoa (« le pays du long nuage blanc ») ce qui deviendra la Nouvelle-Zélande. Et c’est de Raiatea qu’auraient été mises à l’eau les sept pirogues sacrées qui colonisèrent les extrémités du triangle polynésien, délimité par Hawaï au nord, la Nouvelle-Zélande au sud-ouest et l’île de Pâques au sud-est.

La conquête du Pacifique par les Maoris s’achève avec la découverte des îles Chatham, à 800 km à l’est de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, où j’aurais aimé aller mais c’est comme les Gambier – trop loin.

 

Vestiges du marae de Titiroa à Moorea. En Polynésie, un marae désigne une plate-forme construite en pierres volcaniques où se déroulaient les anciens cultes et cérémonies polynésiens.

 

Issus des traditions et des règles sociales anciennes, les arts maoris sont communs à tous les peuples polynésiens et regroupent principalement la sculpture, le chant, la danse et le tatouage.

 
Les tikis

Un tiki est une sculpture, en bois ou en pierre, représentant « Tiki », l’ancêtre mi-humain mi-dieu qui fut le premier homme. En Polynésie, on en voit partout, notamment devant les maisons car on dit que les tikis en sont les gardiens protecteurs.
Les tikis figurent aussi sur certaines pièces de monnaie polynésienne : face Marianne, pile tiki.

Il y a des similitudes évidentes entre les tikis et certaines positions du haka maori.

Les tikis représentés sont le plus souvent des hommes, trapus, mais il existe aussi des femmes, et le sexe et les seins sont toujours explicitement dessinés. Les bras sont repliés et ramenés vers l’avant, les mains posées sur le ventre. Les jambes sont fléchies et la tête, souvent disproportionnée par rapport au reste du corps, laisse apparaître des yeux immenses et une bouche parfois très expressive, comme si elle poussait un cri.

 

Là bien sûr c’est un tiki homme. On voit l’importance donnée aux yeux, à la bouche et au sexe… Ici, c’est à Tahaa, en Polynésie, mais c’était pareil sur les sculptures maories en Nouvelle-Zélande.
 
La danse

Chant et danse, indissociables chez les Maoris, racontent l’histoire des ancêtres, leurs exploits, leur mana (puissance spirituelle), la beauté des femmes et des paysages, la force des dieux et la peur qu’ils inspirent.
La danse exprime souvent deux mouvements : la guerre, qu’évoquent traditionnellement les hommes par des mouvements amples et saccadés (comme dans le haka néo-zélandais ou l’ote’a tahitien), et l’amour, domaine des femmes et des rythmes fluides, ondulants et lascifs.

Typiquement néo-zélandais, le haka, rendu mondialement célèbre par les rugbymen de l’équipe des All Blacks, était à l’origine une danse de guerre mise en scène pour impressionner l’ennemi.

Du côté des femmes, au XVIIIe siècle, le capitaine Cook décrivait déjà le tamouré et la manière qu’avaient les Tahitiennes de pratiquer « une danse très indécente, en chantant des chansons fort indécentes ». Plus proche de nous, le upa’upa tahitien, une danse traditionnelle pratiquée en couple, a été taxé d’obscénité et interdit par les autorités coloniales. Il a refait surface dans les années 1960 avec le réveil de la conscience culturelle polynésienne et préfigure ce qu’est le ‘ori Tahiti aujourd’hui.

 

Photo à venir…

 
Le tatouage

Primordial dans le passé, presque abandonné, et aujourd’hui en plein renouveau, le tatouage traditionnel est une pratique commune à tous les peuples polynésiens.
Appelé moko chez les Maoris ou tatau chez les Maohis, le tatouage marquait l’entrée dans l’âge adulte. Réalisé par étapes au cours d’une vie, il en raconte les grandes étapes, avec ses batailles, ses victoires, ses défaites…

Le tatouage est une sorte de work in progress, voilà pourquoi les Maoris n’ont pas qu’un mignon petit tatoo sur l’épaule.

Les motifs et l’emplacement choisi sur le corps ont leur importance.
D’un lieu à l’autre, les corps étaient jadis plus ou moins ornés : complet aux îles de la Société, aux Australes et aux îles Cook, le tatouage était plus impressionnant encore aux Marquises, où il s’imposait des orteils au cuir chevelu en passant par les parties génitales, les fesses, les paupières et la langue…

Je ne suis pas tatouée et Mickaël non plus parce que ce n’est pas dans notre culture, ça ne signifie rien pour nous, mais je comprends qu’ici le tatouage est porteur de sens.
Je me souviens avoir lu avec émotion le récit d’un voyageur qui s’est fait tatouer par un tatoueur traditionnel polynésien au moment de son tour du monde. À une sorte de carrefour de vie. C’est Hervé dans Cinq barbares en chemin, dont je vous ai déjà parlé.

Chez les Maoris d’aujourd’hui, le tatouage renforce le sentiment d’appartenance culturelle.

On a vu en Nouvelle-Zélande des Maoris au moko facial très impressionnant, notamment un géant, avec en plus des grosses cicatrices sur le visage, les cheveux longs et noirs, qui a montré Chouch à papa Écureuil en disant : « He’s so cute ! » (il est trop mignon).
C’était assez déconcertant, ce colosse qui s’intéresse à un tout-petit…

Mais je dois reconnaître qu’on n’a pas croisé tant de Maoris que ça en Nouvelle-Zélande. Ils semblent vivre dans des quartiers bien délimités, séparés des Blancs.
En revanche en Polynésie, on voit plus de Tahitiens d’origine que d’Européens, et tous ceux que nous croisons sur notre chemin, hommes et femmes sans exception, sont tatoués.

 

Photo à venir…

 

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Et vous le tatouage, ça vous tente ? Ou bien vous en avez déjà ?
Que signifie-t-il pour vous ?