Du courage

Photo : Dernier week-end de novembre au Touquet (novembre 2023).

 

Après ma newsletter introspective de dimanche dernier (newsletter 126 # 3 décembre 2023), j’ai eu envie de partager avec vous une vidéo qui invite à prendre courage dans les moments où on se laisse tomber.

Il faut du courage pour inventer son chemin à contre-courant. Et tant qu’on avance on avance, on ne se rend pas toujours compte que ça demande du courage parce que la partie la plus difficile du courage, en vrai, c’est quand on perd courage justement. Quand on n’avance plus – ou qu’on a l’impression de ne plus avancer. Quand on est rattrapé·e par ses peurs, ses doutes, par la pensée que tout ça c’est trop dur pour nous et qu’on ne va pas y arriver parce qu’on est trop nul·le de toute façon, on s’y prend mal, et qu’est-ce qu’on s’imaginait franchement ?

Alors moi j’ai qu’une chose à vous dire :
si c’était si facile, tout le monde le ferait.

 

Les 4 clés d’une vie heureuse et épanouie selon Sam Berns (lien vers la conférence complète à la fin de l’article). Keep moving forward. Comme dans les 4 accords toltèques, c’est la troisième qui me paraît ouvrir toutes les portes…

 

Le courage, c’est accepter que nos moments de découragement FONT PARTIE du chemin.

 

Vos moments de découragement ne marquent pas un retour en arrière comme vous le raconte votre petite voix méchante, ils ne réduisent pas vos efforts à néant, ils ne discréditent pas tout ce que vous avez accompli jusque-là. Non. Ils sont simplement le signe que, si on a choisi d’avancer à contre-courant (pour les bonnes raisons que l’on sait au fond de soi), et que le courant est fort, eh ben c’est normal de se sentir épuisée de nager, avec même parfois l’impression de faire du sur-place.
Se rappeler alors que ce n’est qu’une impression passagère et qu’elle est fausse.

À cause du brouillard qui s’est levé ce matin en même temps que nous on ne sait pas pourquoi, on ne voit plus où on va et on ne voit pas non plus la distance incroyable qu’on a déjà parcourue. En plusse c’est l’hiver, il fait froid. C’est l’heure de se faire une tisane de camomille brûlante et de se calfeutrer sous un plaid devant la cheminée avec un chat sur les genoux. Nan j’déconne !
Moi je vais rester assise à mon bureau avec mon café et mes mains glacées, mais toi si t’aimes le plaid, la cheminée, les chats, les chaussons, et que tout ça te réconforte, vas-y. Sauf les chaussons. Je t’assure, pas les chaussons. T’avances pas avec des chaussons. Tu peux pas courir avec des chaussons. Tu peux pas t’élancer si t’as peur de les perdre et de marcher pieds nus.
Si t’as peur d’avoir froid.
Tu peux pas te sauver.

 

Planche d’Élise Gravel, autrice-illustratrice québécoise que je vous présentais sur la police du ton dans l’article Tous et toutes ensemble. Autres illustrations d’Élise Gravel sur la grande moi et la petite moi dans l’article Le sommeil & moi : dormir c’est quoi ?, et sur le consentement dans l’article Paye ta question #9.

 

Le courage, c’est accueillir nos peurs et nos moments de découragement si pénibles sans les laisser devenir les renoncements dans lesquels naîtront les hontes dont on ne se remettra pas.

 

Il y a quelque temps, mon ami David m’a prêté un livre en me disant : tiens, lis ça. C’était Chavirer, de Lola Lafon.
Je l’ai lu de bout en bout avec la nausée au bord des lèvres. C’est un livre qui dit vrai, qui dit comme elles sont, et avec une grande finesse, les choses qu’on voudrait ne pas voir. Les choses qu’on voudrait qui n’aient jamais existé parce qu’elles ont souillé ce qu’on avait de beau et de pur. Cette honte des doigts contre cette honte d’être frigide.

« Ce n’est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nous consentons qui nous ébrèche ; ces hontes minuscules, de consentir journellement à renforcer ce qu’on dénonce : j’achète des objets dont je n’ignore pas qu’ils sont fabriqués par des esclaves, je me rends en vacances dans une dictature aux belles plages ensoleillées. Je vais à l’anniversaire d’un harceleur qui me produit. Nous sommes traversés de ces hontes, un tourbillon qui, peu à peu, nous creuse et nous vide. N’avoir rien dit. Rien fait. Avoir dit oui parce qu’on ne savait pas dire non. » (p.335)

J’ai compris que c’est à cause de ces hontes-là qu’on se fait tant de mal ensuite. À cause de ces hontes-là qu’on a laissées advenir, qu’on n’a pas su dire quand il en était encore temps, qu’on se fait du mal, qu’on se laisse éteindre, qu’on s’abîme ou qu’on se saborde.

 

Euh… et donc, cette vidéo d’encouragement que je vous ai promise en début d’article ? Cette lumineuse leçon de courage pour vivre entier·e, libre et sans honte de soi ?
C’est une conférence TEDx de Sam Berns il y a dix ans, en décembre 2013, juste avant sa mort le 10 janvier 2014 à l’âge de 17 ans. Sam Berns était atteint de progéria (ou syndrome d’Hutchinson-Gilford).

 

« My philosophy for a happy life », conférence TEDx par Sam Berns (décembre 2013).

 

« Être courageux n’est pas censé être facile. »

Ah voilà. C’est pour ça.

 

*****

 

Et vous, que feriez-vous de différent si vous étiez courageux·se ?
Si vous réalisiez d’un coup que cette barrière, qui vous empêche, est à peine plantée dans le sable, qu’il n’y a qu’un pas à faire pour la franchir et que l’océan s’offre à vous dans son immensité ?