Photo : Coaching express sur la plage de Fort-Mahon (20 septembre 2025).
Ce week-end, je suis partie à la mer. Pas trop loin mais assez loin pour revenir avec du sel dans mes cheveux et du sable dans mes chaussettes. Le souffle du vent dans mon cou. Un coaching puissant sur la plage qui dessine le mot Ancrage.
Ça m’a fait du bien parce que l’entrée dans cet automne n’est pas facile. J’ai l’impression que quelqu’un·e a chargé la barre pendant que je m’occupais des rendez-vous de la rentrée et que maintenant j’arrive plus à la décoller. Déjà qu’au poids de mon corps c’est un gros effort.
Ce week-end clandé m’a rappelé que si je veux pouvoir soulever tout ce que je veux soulever sans m’écraser, je dois d’abord m’ancrer. Réconcilier les parts de moi, la petite avec la grande, la libre et sauvage avec la psychorigide, la foldingue avec la première de la classe.
Puisque je n’ai pas d’attache dans un lieu, ni racines ni murs, ce sont mes jambes qui portent et qui m’ancrent. C’est moi, ma maison.
Or je vis depuis un moment des tornades physiques, émotionnelles, physiologiques. Matérielles aussi. (On en parle de mon toit qui fuit et qu’on va complètement refaire avant de déménager deux mois plus tard ?)
Alors je sniffe des rails de mélatonine synthétisée à 1,9 mg et je guette pendant des plombes que passe le marchand de sable. Je sais pas ce qu’il fout, la tête dans mes chaussettes à faire tomber les grains pour sa brouette, ou en train de s’occuper du sommeil du juste – qui ne se demande même pas, c’est quoi au fond qui est juste, puisqu’il dort déjà.
En attendant de trouver une réponse qui me satisfaction satisfaction satisfaction satisfaction push me and then just touch me satisfasse, je mets en pratique la méthode anti-insomnies de Fabien Olicard. Je pense au mot CORAIL (par exemple, c’est celui qui me vient comme ça, mais vous pouvez penser à SAUCISSE si vous préférez), donc je pense au mot CORAIL et je cherche des mots en C.
Y’a plein de trucs en C (
en S aussi).
C’est fou comme il y a plein de trucs en C.
Du sel dans mes cheveux et du sable dans mes chaussettes. Le souffle du vent dans mon cou.

Et puis C comme…
COQUILLAGE
CACAHUÈTE
CHEVILLE
CAFÉ
CLÉ
CIGARETTE
CHAISE
CŒUR
CHEMISE
CHANTILLY
Et j’en ai encore plein la tête : CAJOU, CITRON, CRAYON, CHOCOLAT, CARRELAGE… mais je ne peux pas tout vous confier.
Comment dormir quand ça ne s’arrête pas ?
Dis, Fabien Olicard, comment passer au O de CORAIL quand on a encore tant de C ?
C comme CHANSON. Allez, go. On est dans Écoute-moi.
C’est le moment du mois où je vous cause chanson, film, série et podcast.

La chanson (pas pour les daronnes)
→ Luther, Alakazam + Blake & Mortimer, album « Garçon », 2022
→ L2B, Intro, album « Nés pour Briller, BOOK I : KLN », 2025
Vous n’êtes pas sans savoir que je vis présentement avec trois ados de 16, 14 et 12 ans. (Et si vous l’étiez, sans savoir, ben maintenant vous savez.)
Mon troisième n’écoute pas de musique. Pire que ça, il dit qu’il DÉTESTE la musique.
Miskine.
Ma première m’a taclée il y a quelque temps :
– Diam’s ? J’avoue, y’en a certaines qui sont bien… mais c’est du rap de daronnes !
Huuuuf (c’est le bruit de la flèche que tu prends dans la pleine face de tes 47 ans).
– En même temps je suis une daronne. Et toi, t’écoutes quoi alors ?
– Luther c’est mon artiste préféré.
J’ai bien fermé ma bouche sur les noms choisis par les rappeurs de rap qui-sont-pas-pour-les-daronnes, et sur le fait qu’après Zola, Flober, Socrate… venait donc Luther.
J’ai bien fermé ma bouche, j’ai ouvert mes oreilles, et j’ai aimé le son de Luther.
Pourquoi tu souris ?
Y’aura pas d’happy end
(Luther, Alakazam, album « Garçon », 2022)
Oui bah évidemment, ça t’enjaille pas sur le dancefloor comme un bon Big up de Diam’s, mais bon. On n’est pas dans la playlist des daronnes ici, ok ?
Luther, Alakazam + Blake & Mortimer, album « Garçon », 2022
J’aime tout le temps faire des nouveaux trucs. Découvrir des nouveaux trucs. C’est ainsi qu’à la rentrée, enthousiasmée par cette expérience luthérienne avec ma première, j’ai demandé à mon deuxième de me faire écouter c’est qui, lui, son rappeur préféré.
L2B. (C’est son nom.)
(Là j’ouvre une autre parenthèse pour vous dire que, autant j’avais réussi, avec la première, à retenir mes remarques sarcastiques sur le nom des rappeurs qui Zola, Flober, blablabla (vous suivez), autant sur le deuxième c’est parti en sucette. Mickaël & moi on a passé l’été à tailler sur Tête-2B 🤣🙈)
Le jour de sa rentrée en 3e, le Grand Lièvre (14 ans) n’en pouvait up.
– C’est bon, vos blagues claquées là, ça fait rire personne.
Huuuuf (deuxième flèche, même endroit, même bruit).
– D’accord mais… pourquoi les rappeurs de maintenant ils ont tous des noms en trois lettres [sauf, donc, ceux qui reprennent des noms d’écrivains ou/et de militants]? PLK, PNL, SLK, SCH, KLM, JRK, UZI, MIG, ZKR [véridique, tous cités par l’ado en moins de vingt secondes], et maintenant tu me dis dans Tête-2B L2B, y’a KLN, IDS, D2… C’est bizarre quand même !
– Mschiii [bruit de tip]. Et NTM c’était pas bizarre à ton époque ? IAM non plus ?
Et bam ! L’ado m’a mis K.-O. Au fur et à mesure de ma chute, je me répétais : jusqu’ici tout va bien jusqu’ici tout va bien jusqu’ici tout va bien. Ce qui compte c’est pas la chute, c’est l’atterrissage. Et quand j’ai enfin atterri, le 2 septembre 2025, j’étais au beau milieu du Bois-l’Abbé. Et ce que j’ai entendu, c’est :
Ce qui compte ce n’est pas l’atterrissage
Mais la façon dont tu vas te relever
(L2B, Intro, album « Nés pour Briller, BOOK I : KLN », 2025)
Voici donc, mesdames les daronnes et messieurs les darons, Tête-2B L2B.
Wikipedia vous apprendra que c’est un groupe de rap français composé de KLN, IDS et D2 (D2 qui n’a que deux lettres, l’excentrique), tous trois originaires du tiékar du Bois-l’Abbé à Champigny-sur-Marne, dans le 9-4.
L2B, Intro, album « Nés pour briller, BOOK I : KLN », 2025
Le film
→ Aux jours qui viennent, de Nathalie Najem, 2025
Depuis le film Partir un jour, d’Amélie Bonnin, dont je vous parlais dans mon article Écoute-moi mai 2025, j’ai comme un petit crush sur Bastien Bouillon ! 😍
J’adore sa voix. Et vous me connaissez, vous savez comme la voix est importante pour moi. Le fossé infranchissable entre les voix qui me font (haaann), et les voix que je supporte pas. Nicolas Demorand, Guillaume Centracchio, Olivier Assayas… et j’en passe.
J’adore la voix de Bastien Bouillon et je trouve qu’il joue très bien aussi, mais mon avis sur Aux jours qui viennent est mitigé. Sur le sujet de l’emprise et de la violence psychologique voire physique dans le couple, le film est nettement moins réussi que L’amour et les forêts, de Valérie Donzelli, avec Virginie Efira et Melvil Poupaud qui sont saisissant·es de vérité.
Ce que j’ai préféré dans Aux jours qui viennent, c’est une scène entre Zita Hanrot et Aurélien Gabrielli qui m’a fait éclater de rire dans la salle de cinéma (c’est rare). Même après quand je suis sortie, rien que d’y repenser, je rigolais toute seule !
Indice : ça parle d’acheter une robe de chambre. Pas : t’as conservé la robe de chambre de ton grand-père que t’aimais très fort et qui est mort. Non. C’est : tu rentres dans une boutique pour acheter une robe de chambre parce que tu aimes ça. Les robes de chambre. Avec même des chaussons !!! 😱

La série
→ Asura
Une série de Hirokazu Kore-eda, sortie en 2025 sur Netflix
C’est une série japonaise en sept épisodes, dans le Japon de la fin des années 70 – sur une proposition de mon mari bien sûr. Mon mari qui enrichit ses cours de japonais de toute une école buissonnière de films, de séries et, depuis peu, de nouvelles et autres textes courts. Ça, ça va, c’est pas mal la classe. Mais quelle ne fut pas ma stupéfaction la semaine dernière lorsque j’appris, quasiment par inadvertance, qu’il s’était bingé tout seul en secret les huit premiers épisodes de l’émission de téléréalité « Love is blind Japon ». Huit épisodes !
Hein ??? Mickaël regarde le fond du fond de la téléréalité sans foi ni loi où on marchandise l’amour et les relations humaines, où on fait spectacle et commerce des émotions des gens ? Mickaël, sérieux ??
Oui mais c’est parce qu’il le regarde en japonais. Son oreille reconnaît des mots, des tournures de phrases. Ça le fait réviser entre deux cours et deux devoirs.
Ouais mais… « Love is blind », quand même !
Ben ouais. Moi-même il m’a tuer.
Parce que « Love is blind », je savais pas ce que c’était, j’en avais jamais entendu parler, mais après il m’a montré. Sur Netflix. Allez voir, si vous non plus vous ne savez même pas de quoi ça s’agit. Vous verrez que le concept est décliné dans v’là le nombre de pays ! C’est même décliné par âge : des célibataires de plus de 50 ans qui espèrent encore trouver une âme authentique dans cet empire télévisuel du paraître.

Mais revenons-en à Asura s’il vous plaît, parce que la perfidie de notre époque m’accable.
J’ai beaucoup aimé l’atmosphère des années 70 et le female gaze – bien que la série soit réalisée par un homme, Hirokazu Kore-eda, qui est mon cinéaste japonais préféré dont je vous ai parlé ici-même en mars.
Peut-être qu’on n’a pas le droit de parler de female gaze quand ce n’est pas réalisé par une femme. Pourtant c’est ce que j’ai ressenti dans les histoires entremêlées de ces quatre sœurs.
À plusieurs niveaux, l’écrasant pouvoir du patriarcat et les prises de conscience féministes à leurs prémisses m’ont rappelé la série américaine Good Girls Revolt, que j’ai adorée en mai et que je vous recommande absolument.
Et puis j’ai adoré la musique originale du générique de Asura, composée par Tsukasa Inoue, Hidehiro Kawai et Ryô Kishimoto. Pas une seule fois Mickaël & moi on n’a cliqué sur « passer l’intro », comme on le fait habituellement avec les autres séries qu’on regarde.
J’adore cette façon d’utiliser le violon, un peu dans l’esprit de Carolina Chocolate Drops dans la chanson Hit’em up style, que j’avais partagée avec vous il y a presque cinq ans dans la Newsletter 74 # 31 janvier 2021 : Ouvre l’espace.
J’ai cherché la musique du générique partout sur YouTube et ce que j’ai trouvé, c’est ce remix :
Musique du générique de la série Asura, de Hirokazu Kore-eda, 2025.
Le podcast
→ Podcast Émotions : À quel point faut-il se confier ?
https://louiemedia.com/emotions/se-confier
Dans mon appli de podcasts, il y a les podcasts dont je ne rate jamais aucun épisode, et puis il y a les autres : ceux dans lesquels je pioche un épisode par-ci par-là en fonction de mes interrogations personnelles et des tempêtes que je traverse. « Émotions », produit par Louie Media fait partie de cette seconde catégorie.
C’est un podcast qui, comme son nom l’indique, explore la complexité de nos émotions, mais qui aussi parfois, héberge des mini-séries indépendantes. Et il se trouve que ce mois-ci, j’ai écouté deux de ces mini-hors-séries + deux épisodes du podcast que j’avais téléchargés avant l’été pour moudre du grain avec mon ami philosophe sur la plage abandonnée mais les gens y vont y viennent et c’est toujours comme ça et que je n’avais pas encore écoutés, dont celui-ci : « À quel point faut-il se confier ? »

Cet épisode, réalisé par la journaliste Marie Misset, m’a parlé dès les premières minutes. J’ai tendance à me confier facilement et beaucoup, sur des sujets qui mettraient d’autres personnes mal à l’aise. (Mais ce n’est pas à ces personnes que je me confie. Enfin c’est certainement déjà arrivé, j’espère que désormais j’arrive à m’en rendre compte.)
Je me suis bien reconnue dans le besoin d’être comprise à tout prix, qui explique pourquoi je me confie autant, car il faut bien expliquer tous les détails pour que l’autre comprenne. C’est dingue parce que, à côté, des fois même juste à côté, il y en a qui s’en foutent de pas être compris·es. Mon mari par exemple, lui il s’en contrecarre le coquillard.
(Et hop, j’attrape par les cornes les remarques que l’on me fait selon lesquelles il y aurait trop de mots, trop de voix, trop d’expressions linguistiques que je n’aime pas…)

Et les autres épisodes alors, c’était quoi ?
→ Podcast Émotions : La jalousie, peut-on y échapper ?
https://louiemedia.com/emotions/2020/1/20/la-jalousie-peut-on-y-chapper-
Ah là là, c’est un épisode passionnant réalisé par la journaliste Agathe Le Taillandier. On y entend aussi le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez :
« L’amour n’est pas un mouvement continu. Il y a toujours du trop, du pas-assez, du manque, de la crainte, de la peur… Et c’est cette peur de la perte de l’autre, c’est-à-dire que l’autre se détourne de vous pour aller vers quelqu’un d’autre, qui est vraiment à la base de la jalousie. »
Histoire de bien se pénétrer le crâne que la jalousie, c’est pas de l’amour – comme on l’entend encore trop souvent. La jalousie, c’est de la peur qui remonte à l’enfance.
Je dédie cet épisode et toute mon admiration à Fred-ma-cops qui a décidé à l’âge de huit ou neuf ans que la jalousie c’était vraiment pourri et qu’à partir de maintenant elle en avait fini avec ça.

Enfin, je vous recommande les deux mini-hors-séries indépendantes diffusées tout récemment dans le podcast « Émotions ».
La première, sur le sujet de l’amitié, est écrite et réalisée par la journaliste Élodie Font, que j’aime beaucoup et dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises ici.
→ « Ami·es pour la vie ? », hors-série en deux épisodes (juin 2025)
Peut-on garder ses amies d’enfance toute la vie ? (1/2)
https://louiemedia.com/emotions/2025/6/2/peut-on-garder-ses-amis-denfance-toute-la-vie-
Les nouveaux amis remplacent-ils les anciens ? (2/2)
https://louiemedia.com/emotions/nouveaux-amis
C’est mené avec une grande sincérité par Élodie Font et les questions qu’elle pose permettent d’interroger vous-même vos liens d’amitié – et vos relations avec les autres de manière générale. C’est super intéressant.

La seconde série, sur le sujet de la mémoire traumatique, est écrite et réalisée par la journaliste Anne-Sophie Delcour.
→ « Anne-Sophie et le loup », hors-série en deux épisodes (septembre 2025)
Chamans, EMDR, MDMA, comment suis-je devenue accro au développement personnel ? (1/2)
https://louiemedia.com/emotions/anne-sophie-et-le-loup-1
Amnésie traumatique : que faire de ce souvenir qui ressurgit ? (2/2)
https://louiemedia.com/emotions/anne-sophie-et-le-loup-2
Pendant sept ans, Anne-Sophie Delcour a essayé, par le biais de différentes thérapies, de comprendre la peur qui la paralyse (suite à l’attentat du Bataclan en novembre 2015). Mais comment savoir de quoi guérir quand on ne sait même pas ce qui est à la source ?
Elle raconte sa quête introspective avec une bonne dose d’autodérision mais je comprends qu’on puisse s’agacer de l’épisode 1. Je vous incite quand même à écouter le deuxième volet.
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Et vous, que vous a apporté septembre ?