Bonne année 2025 !

Photo : Paris, quartier de la Butte aux Cailles (juillet 2023).

 

Bonne année, les ami·es !

 

Vous êtes nombreux·ses à avoir réagi à mon dernier article de l’année – enfin nombreux·ses, je peux vous compter sur mes deux mains sans avoir besoin de recourir à mes orteils qui en cette saison trouvent refuge dans la glaciation l’hibernation, mais disons, plusse de retours que d’habitude – nombreux·ses à m’avoir demandé avec curiosité d’où venait le mystérieux extrait sonore que j’ai mis au début de mon article. Ce qui prouve que je ne suis pas la seule à avoir le mauvais esprit de Noël, soit dit comme ça vite aif.

 

Extrait audio du podcast Mycose the night, épisode 7 : « Les boules de Noël » (15 décembre 2017).

 

C’est donc un extrait audio du podcast de 19 épisodes réalisé entre septembre 2017 et juin 2018 par Élodie Font et Klaire fait Grrr qui s’appelle : Mycose the night.
(Patti Smith qui vient d’avoir 78 ans, si tu passes par là…)

 

Klaire-fait-Grrr-que-j’aime-beaucoup est l’illustratrice de l’ouvrage Chattologie – un essai menstruel avec des dessins dedans, qu’elle a co-écrit avec Louise Mey en 2021 et dont je vous parlais avec ferveur dans mon article S’il n’en restait qu’un(e) # novembre 2022.
Chattologie est un spectacle qui a été repris et que j’ai vu mi-décembre dans ce mini-théâtre de vingt places qu’est la Comédie des Trois-Bornes à Paris. Klaire fait Grrr fait aussi de très bonnes chansons.

Klaire fait Grrr, La petite chanson
Klaire fait Grrr, Les confitures

 

Élodie-Font-que-j’aime-vraiment-beaucoup-aussi est l’autrice d’une autre bédé parue en 2021 et illustrée par Carole Maurel, Coming in, dont je vous ai aussi déjà parlé dans mon article S’il n’en restait qu’un(e) # juillet 2022.

 

Bah voilà. (Planche tirée de « Chattologie – un essai menstruel avec des dessins dedans », de Louise Mey et Klaire fait Grr, p.105.)

 

Bon enfin je vous ai mis les références de mon extrait sonore dans l’article en question. J’ajoute que si vous êtes saoulé·e autant que je le suis par les téléfilms de Noël et que vous ne savez pas quoi regarder avec vos enfants parce que quand même il fait moche et c’est encore les vacances, je vous recommande « Le choc des toques » sur Netflix. De la télé-réalité coréenne ultra-dramatisée avec tensions, larmes, déchirements et suspense au max juste avant de couper pour l’épisode suivant, c’est vrai, mais addictif pour qui aime manger.

Chez moi, c’est clairement le Marcass’, 11 ans, le plus accro à cette série. On l’a autorisé à regarder avec nous tous les soirs du mois de décembre (même les veilles d’école). Quand je sors et que je rate un épisode, il me le raconte dès le lendemain matin en temps réel avec TOUS les détails !!!

 

Ce point podcast + série étant fait, j’avoue que je n’espérais pas autant de retours enthousiastes sur mon article Les livres de mon année 2024.
Merci.
Moi aussi j’ai un immense plaisir à échanger sur mes et sur vos lectures, vous auriez dû me le réclamer plus tôt ! Mais j’en prends bonne note pour consigner au fur et à mesure les titres des livres que je lirai les 365 prochains jours et vous proposer un nouveau palmarès à la fin de l’année. Année dont c’est aujourd’hui le premier jour, alors, comme à chaque mois de janvier, je partage avec vous le mot qui sera mon cap pour les mois à venir.

Si vous avez reçu ma dernière newsletter (Newsletter 138 # 29 décembre 2024), vous l’avez déjà certainement deviné – et si vous n’êtes pas encore abonné·e, il est temps de le faire !

 

 

JOIE est le mot de mon année 2025.

 

On ne fait pas assez de place à la joie. Enfin vous, ça se trouve si, mais moi je trouve que je ne fais pas assez de place à la joie dans chacune de mes journées. C’est pourquoi j’ai décidé, cette année, de lui accorder intentionnellement toute mon attention. Pour la célébrer quand elle surgit spontanément, et, peut-être plusse encore, pour l’aider à émerger quand elle reste cachée.

Ce n’est pas facile d’être joyeux·se.

Certaines personnes ont peut-être davantage de prédispositions naturelles à l’être, joyeuses, mais j’ai l’impression que c’est surtout quelque chose qui se travaille en amont. Qui se construit en conscience. Parce que sinon, si on laisse la joie au gré du vent, eh ben il se passe ce que je disais plus haut : on ne fait naturellement pas assez de place à la joie au quotidien. Parce que le cerveau est toujours focus sur ce qui ne va pas bien, ou ce qui ne s’est pas bien passé hier, ce matin, ou ce qui risque de ne pas bien se passer demain, après-demain ou le mois prochain.
Ça s’appelle le biais de négativité du cerveau.

 

C’est son job, le cerveau, de s’inquiéter des risques et de nous alerter des dangers potentiels. C’est même grâce à ce job qu’on reste en vie, alors merci. Mais de l’autre côté, si on ne réoriente pas son cerveau vers plusse de ce qu’on voudrait vivre, on enchaîne les journées dans le speed tout le temps, on ne sourit plus tellement parce qu’on est concentré·e sur ce qu’il y’a à « faire » plutôt qu’à « être », et le temps file comme ça…

Ma conclusion, c’est qu’à part quelques moments de grâce, laisser la joie au hasard revient donc à vivre assez peu de joie au quotidien. Alors que, par ailleurs, j’ai personnellement mille raisons de me réjouir. En l’écrivant, je me dis : c’est presque indécent que je ne sois pas plus joyeuse.

 

 

D’habitude quand je vois fleurir ce genre de bons conseils donnés avec des cœurs sur Internet, je trouve ça tellement cucul la praloche que ça me fait tchiper d’agacement. Mais là avec mon mot de l’année, je suis bien obligée de le prendre. Surtout que j’aime Prévert.

 

Prévert, c’est quand même le mec qui a dit (avant d’être repris par Renaud dans une de ses dernières belles chansons) :

J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant.

Eh ouais frérot ! C’est ça Prévert. Pour moi, ce qu’il écrit sur le bonheur qu’on reconnaît quand on ne l’a plus rejoint ce que j’ai pu observer, c’est-à-dire que trop souvent je suis préoccupée par des ruminations sur le passé, des inquiétudes sur l’avenir ou des choses à faire au présent, et je ne prends pas le temps de regarder ce qui est là et qui aurait pu ne pas être.
Le rayon de soleil pile au moment où je pars courir, la semelle orthopédique qui ne me fait plus trop mal, le travail de mes muscles qui s’échauffent, et parfois un écureuil.
L’eau chaude de la douche quand je rentre, le podcast passionnant que j’écoute en me séchant, puis le café qui coule dans la machine.

Je me plains du connard sans gêne à cause de qui je ne peux pas me garer en bas de chez moi (photo-preuve ICI) mais je n’ai pas une pensée de gratitude pour mon auto qui m’emmène où je veux dès le premier tour de clé depuis que le dépanneur a réparé le neiman. Comme si c’était normal, comme si ce qui marche bien m’était .
J’oublie d’accorder de l’attention à toutes les petites et grandes choses que j’ai la chance d’avoir dans ma vie et qui, si je ne les tenais pas pour acquises, suffiraient individuellement à me mettre en joie. Saleté d’habituation hédonique.

C’est seulement quand ta tartine tombe par terre – à l’envers comme il se doit – que tu t’aperçois que tu ne penses pas à te réjouir les matins où elle ne tombe pas. Comme si c’était normal.

 

Illustration de Guillaume Long.

 

En faisant quelques recherches sur la joie, j’ai retrouvé les notes que j’avais prises sur un livre déniché par hasard dans une petite warung balinaise pendant notre grand voyage d’un an en Asie-Pacifique. Ce livre, c’est La puissance de la joie, de Frédéric Lenoir. Il y a matière à réfléchir, avec la pensée de certains philosophes (Spinoza, Nietzsche), mais c’est très facile à lire contrairement à L’avalée des avalés que j’ai commencé le mois dernier et qui me rappelle, au cas où, combien la littérature peut être exigeante.

Ceux qui ont accepté de persévérer dans la douleur, dans le doute, dans la nuit, qui ont franchi les obstacles et continué d’avancer malgré les difficultés au lieu de tenter de les éviter, ceux-là connaîtront les plus grandes joies. (p.212)
Frédéric Lenoir, La puissance de la joie, éd. Livre de Poche, 2017.

 

C’est donc pour mieux cultiver ce dont j’ai la chance de jouir et de me réjouir chaque jour, malgré les obstacles et les difficultés, que j’ai choisi pour 2025 le mot JOIE.

 

 

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Et vous, que voulez-vous vivre en 2025 ?