Lis-moi octobre 2025

Photo : Mes livres d’octobre 2025.

 

Ce mois-ci, j’ai beaucoup lu – et beaucoup écouté de podcasts, je vous en causerai la semaine prochaine dans Écoute-moi octobre 2025.

Parmi ce que j’ai lu, tout n’apparaît pas sur la photo d’en-tête parce que j’ai lu sur Internet ; des textes sérieux, féministes, engagés, anti-racistes et anti-grossophobes, qui sont parfaitement en phase avec les podcasts que j’écoute.

J’ai aussi relu quelques albums jeunesse qui ne sont pas du tout en phase. Dans lesquels j’ai senti du malaise entre mon cœur qui les a tant aimés, qui continue de les aimer, et ma conscience féministe d’aujourd’hui. Comme quand tu as décillé tes yeux et que tu ne peux plus ne pas voir ce que tu vois désormais si clairement.

 

Première page du « Géant de Zéralda », de Tomi Ungerer (éd. L’école des loisirs, 1971).

 

Le Géant de Zéralda, de Tomi Ungerer, a longtemps été mon album préféré de quand j’étais petite. J’adorais Le Géant de Zéralda ! Alors que bon, au moment où Zéralda rencontre l’ogre, elle est âgée de six ans. Question inceste, pédophilie, mariage forcé et servitude des femmes, ça se pose là quand même…

Avec le recul critique que j’ai aujourd’hui, ça me fait de l’effroi.
(L’effroi de l’inceste, hahaha ! 🤣🤣🤣 Non pardon, ça n’a rien de marrant mais c’est une private joke avec deux amies. Entre personnes qui ont été violées, on a le droit d’en rigoler, c’est pour ça. C’est comme quand t’es Noir·e, tu peux dire « negro ». Renversement de stigmate. Sinon non. Tu peux pas.)

De la dinde jeune fille au croque-fillette sur délice des ogres, j’ai grandi avec Le Géant de Zéralda. Mon esprit de petite fille est imprégné du Géant de Zéralda. J’ai même offert Le Géant de Zéralda en cadeau à mon mari quand nous nous sommes rencontré·es. Je te jure, c’est vrai. Je fais pas de photo de la page de garde où je lui avais écrit une dédicace parce que j’ai trop la honte, mais je te jure sur ma vie c’est vrai.
Bon, je lui ai offert en duo avec Le déjeuner de la petite ogresse, mais quand même.

 

Ici y’a pas d’inceste ni de pédophilie larvée. (Anaïs Vaugelade, « Le déjeuner de la petite ogresse », éd. L’école des loisirs, 2002.)
 
Le livre

 

→ Ovidie, La chair est triste hélas, éd. Julliard, 2023

 

La chair est triste, hélas ! Heureusement que j’ai pas lu tous les livres.
Ce texte furieux et désabusé d’Ovidie, dont le titre reprend le célèbre premier vers du poème « Brise marine » (1893) de Mallarmé, je vous en ai parlé au moment de sa sortie, en 2023, dans mon article Libres ! (la suite).

J’y avais posté un extrait audio du texte, lu par Ovidie elle-même, à la Maison de la Poésie dans le 3e arrondissement de Paris. Mais je ne l’avais pas encore lu, moi.

Cliquez sur l’image pour retrouver l’article.

 

Illustration de Gomargu.

 

Parfois je mets du temps à faire les choses : lire un livre qu’on m’a multi-conseillé (Mon vrai nom est Elisabeth, d’Adèle Yon, dont je vous parlais dans mon dernier article → Mon maillot de bain & moi 2 (ce que je ne vous ai pas dit)), retranscrire des centaines de mails dans un fichier Word, re-préparer un shortbread millionnaire qu’on m’a multi-réclamé…

Je mets parfois du temps, mais je n’oublie jamais – comme le Petit Prince qui n’oubliait jamais une question une fois qu’il l’avait posée.

Depuis deux ans sur ma liste de livres à lire (LLL dans mes raccourcis familiers), La chair est triste hélas attendait la bonne heure pour moi. Cette heure a sonné au lendemain du spectacle du même nom que je suis allée voir au début du mois. Un seule en scène avec Anna Mouglalis au Théâtre de l’Atelier, à partir du texte d’Ovidie et mis en scène par Ovidie. Public féminin ultra majoritaire dans la salle, je vous préviens.
(Est-ce à dire que la chair est moins triste pour les hommes ?)

Si vous voulez y aller, c’est donc au Théâtre de l’Atelier dans le 18e arrondissement de Paris. Et il faut vous bouger plus vite que moi à la perspective de refaire un shortbread millionnaire parce qu’il ne reste plus que quelques jours !

 

Affiche du spectacle « La chair est triste hélas », au Théâtre de l’Atelier. De et mis en scène par Ovidie, interprété par Anna Mouglalis.

 

Passé le 25 octobre 2025, vous raterez certes la voix si singulière d’Anna Mouglalis, mais vous pourrez toujours faire résonner le texte d’Ovidie en vous-même le lendemain. C’est un brûlot d’une centaine de pages aussi nécessaire à avoir dans sa bibliothèque que le King Kong Théorie de Virginie Despentes.

Un brûlot aussi nécessaire à faire circuler à vos mecs et à vos potes cis-hétéros surtout. Parce qu’on s’entend que, si vous êtes une femme, vous n’allez pas tomber des nues.

 

Vous savez tout ça.
Que l’affaire de la séduction puis des rapports hétérosexuels, sont basés sur le désir des hommes et la désirabilité des femmes, ça fait quelques siècles qu’on se le coltine.

Vous savez tout ça.
Que les hommes s’occupent de baiser, et vous, de rester baisable avec la plus haute cote possible (#Jeunesse#Minceur#Épilation).
Vous l’avez probablement expérimenté plusse que de raison dans votre chair, miskina.

 

« Nous sommes tyrannisées par notre quête désespérée et obstinée d’être au cœur du désir des hommes. Et cette quête est délétère, car elle nous condamne à n’être définies que par l’axe d’un désir extérieur, et à nous entre-jalouser. Je ne veux plus de ce rapport destructeur aux autres femmes. Je veux me réjouir de leur beauté et de leur réussite, qui ne me retirent rien. Je ne veux plus être obsédée par la rivalité, m’imaginer que le seul moyen de me distinguer des autres est d’exceller dans la soumission à ces diktats quitte à me laisser aliéner. » (p.26)

 

Extrait de « La chair est triste hélas », d’Ovidie (pp.26-27).

 

« Voilà ce que m’a permis de comprendre cette grève du sexe, que par la dévalorisation systématique de notre physique, en nous faisant croire que nous ne sommes jamais assez jolies, ce monde nous plonge dans une anxiété et une insatisfaction permanentes qui nous poussent à poursuivre un idéal inaccessible. » (p.27)

  

(#Douce#Sexy#Fun#Aventurière#ToujoursPrêtePourFaireDuCulMaisSansTropLeMontrer#Réservée#ParlePasTropFort#SuceLaBiteEtCassePasLesCouilles#EtSurtoutSurtoutPasFéministe)

 

Extrait de « La chair est triste hélas », d’Ovidie (pp.28-29).

 

Au vitriol.

Je ne dis pas qu’il faut toutes qu’on fasse la grève du sexe avec les hommes comme Ovidie.

Je dis qu’on doit parler de certaines choses.

Arrêter de mentir, dire ce qu’on ressent vraiment. Quand c’est bien, et aussi quand c’est pas bien. Surtout quand c’est pas bien. Ne plus laisser croire que c’était bien quand c’était naze.
Je pense que c’est une énorme erreur sur le long terme – comme quand tu dis oui à tes enfants pour du rab’ de temps d’écran parce que, à ce moment précis, tu as besoin d’être tranquille pour faire tes trucs, mais tu sais qu’après tu vas le payer double. Ben c’est pareil avec le sexe.

Je dis que, nous aussi les meufs, on doit changer nos schémas de fonctionnement. Ces scripts sexuels sans imagination qu’on a intégrés à l’adolescence sans les questionner, ces modèles de comportement étriqués qu’on a acquis petites parce qu’on a été socialisées comme des filles.

 

Au début de notre sexualité, on navigue à vue entre la crainte de se faire une réputation de salope (ou pire, d’allumeuse), et l’angoisse d’être vue comme « coincée », « frigide ».

 

Et tout ça nous a façonnées de telle sorte que, trop souvent, si on regarde honnêtement, on subit. On fait des choses qu’on n’a pas vraiment envie de faire, ou pas toujours envie de faire, et on ne s’éloigne pas trop du bord autorisé.

On reste dans le rail.

On a des pans entiers à déconstruire pour arrêter d’avoir peur d’être seule, apprendre à dire ce qu’on ne dit jamais, parce qu’on ne veut pas blesser un ego fragile, parce qu’on se sent obligée, par convention, pour être gentille, pour faire plaisir, pour pas qu’on nous aime pas.
Donc pour qu’on nous aime. Mais nous est-ce qu’on s’aime comme ça ? En se forçant ?
Est-ce qu’on continue d’aimer l’autre qui ne s’aperçoit pas que c’est pas ouf pour nous, voire qu’on se fait chier, voire que carrément ça va pas ?

 

Encore faut-il être avec un mec que ça intéresse. (Illustration tirée du livre de Camille, « Je m’en bats le clito – Et si on arrêtait de se taire ? », éd. Kiwi, 2019.)

 

Aviez-vous écouté l’épisode « Sommes-nous vraiment sortis du patriarcat ? » (spoiler : non, absolument pas) que je vous recommandais en février dernier dans le podcast « Sous le soleil de Platon », de Charles Pépin ?

J’ai déjà dû vous dire comme Charles Pépin m’agace, avec son ton paternaliste et sa condescendance à deux balles, quand je vous ai parlé de l’épisode « Quand est-ce que les femmes seront pleinement libres de leurs corps ? », avec la philosophe et sociologue Camille Froidevaux-Metterie.

Lis-moi septembre 2025

 

Nonobstant le paternalisme et la condescendance, dans l’épisode « Sommes-nous vraiment sortis du patriarcat ? », avec Ovidie, Charles Pépin m’a semblé moins pire. Peut-être parce que je me bouche les oreilles quand il parle et je les rouvre quand c’est Ovidie !  🤩

 

« On n’est pas une mauvaise féministe si on ne s’est pas libérée de tout. »

Merci Ovidie.

Cliquez sur l’image pour écouter.
(Ovidie, pas Charles Pépin.)

 

Ovidie et Charles Pépin dans le podcast « Sous le soleil de Platon » (7 août 2024). Non vraiment, lui je peux pas.

 

Sachez également que le podcast « Le cœur sur la table » a rediffusé justement ce mois-ci La dialectique du calbute sale, une mini-série en cinq épisodes d’Ovidie et son pote Tancrède Ramonet, sortie en 2022.

Cliquez sur l’image pour écouter.

 

La bulle sociale

 

→ Typhaine Rivière, La Distinction (librement inspiré de l’œuvre de Pierre Bourdieu), éd. La Découverte / Delcourt, 2023

 

Puisqu’Ovidie cite Bourdieu, parlons-en de Bourdieu ! C’est un hasard que j’aie lu en parallèle la bédé de Typhaine Rivière, La Distinction, librement inspirée de l’œuvre du même nom de Pierre Bourdieu. Conseillée par mon amie Myriam.

Si vous n’avez jamais lu Bourdieu dans le texte, parce qu’on ne va pas se cacher que la lecture de ce sociologue-là est pas mal hardcore mais que des bouts par-ci par-là, des extraits et des analyses comme mon pote David et moi, cette bédé est pour vous. Et pour vos ados, surtout.

 

Je trouve qu’elle permet d’aborder avec eux et avec elles la question des déterminismes sociaux, les notions de capital économique et de capital culturel, et, s’ils et elles sont chaud·es, de les amener à réfléchir à leurs propres goûts et habitudes.

 

La bédé met en scène un prof de sciences économiques et sociales qui fait découvrir Bourdieu à sa classe de Terminale. Chaque élève s’interroge alors sur ses pratiques culturelles au sens large (ses choix alimentaires, vestimentaires…), sur celles de ses parents, et notamment sur le concept de goût de nécessité – qui a du mal à être entendu, chez moi.

C’est ce que j’ai le plusse aimé dans la bédé, à travers l’identification à d’autres ados de leur âge, pouvoir amener un échange d’idées avec mes ados qui sorte de maman-j’peux-aller-au-grec-vendredi-soir-s’te-plaît et de putain-mais-qu’est-ce-que-vous-ne-comprenez-pas-dans-le-gros-sac-poubelle-devant-la-porte-est-à-descendre-dans-la-poubelle-grenat-je-répète-le-gros-sac-poubelle-devant-la-porte-est-à-descendre-dans-la-poubelle-grenat ??

 

Planches extraites de la bédé « La Distinction », de Typhaine Rivière (pp.12-13).

 

Sur la quatrième de couverture, je relève :

 

« Et si les distinctions culturelles étaient, plus profondément encore que les inégalités économiques, une barrière infranchissable entre les classes sociales ? Et si les jugements de goût étaient des jugements de classe qui ne s’avouent pas comme tels ? Et si nos dégoûts en disaient plus sur nous, que nos goûts eux-mêmes ? »

 

Ce paragraphe m’a immédiatement rappelé la militante féministe Rose Lamy et sa sociologie du beauf. Peut-être avez-vous lu son essai Ascendant beauf, publié au printemps au Seuil ?
Ou peut-être l’avez-vous entendue dans l’excellent épisode du podcast de Delphine Saltel, « Vivons heureux en attendant la fin du monde », qui est consacré aux beaufs, c’est quoi un beauf, qu’est-ce qui est beauf, et qui parle précisément de nos dégoûts – lesquels dessinent en creux un portrait qui nous situe dans une classe sociale.

Je vous recommande vraiment cette bédé sur La Distinction pour faire prendre conscience aux ados (et prendre conscience nous-même) de nos déterminismes sociaux et des conséquences immenses qu’ils ont sur nos vies. Les personnes que l’on rencontre ou que l’on ne rencontre pas, ce qu’on fait et ce qu’on ne fait pas, ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas et pourquoi, ce qu’on s’autorise à rêver ou pas.

C’est vertigineux.

 

Planches extraites de la bédé « La Distinction », de Typhaine Rivière (pp.154-155).

 

Planches extraites de la bédé « La Distinction », de Typhaine Rivière (pp.156-157).

 

« … échappant à la rigueur mesquine de la règle ou du règlement, elle est par nature liberté. »

 

Évidemment, on cherche à se reconnaître. Ou plutôt à ne PAS se reconnaître.

Moi j’avais pas envie de me reconnaître, dans aucun personnage, tant ils me semblent caricaturaux. J’éprouvais du soulagement à me dire : ah non, ça c’est pas moi du tout ! Définitivement pas !
Et pourtant… D’autres fois, d’autres pages, je me demandais avec angoisse : est-ce que je suis comme ça ? Est-ce que je suis cette personne-là ?

 

Planche extraite de la bédé « La Distinction », de Typhaine Rivière (p.27).

 

Ah non ! Ça c’est pas moi du tout parce que : maison proprette avec des rideaux, auto bien garée devant le garage, petits angelots en pierre, thuyas en pots dans l’allée, et surtout, CHAUSSONS à l’entrée !

Personne ne va enfiler des chaussons chez moi, believe me !

J’ai buggé sur toutes les vignettes où on voit des chaussons. Au début, je ne les remarquais que sur les dessins des familles de classe populaire. Puis je me suis aperçue que sur les dessins des familles bourgeoises aussi, il y avait des chaussons. Et je les déteste tout pareil.

Moi les seuls « chaussons » que je supporte, c’est les Collégien.

 

Mes chaussons-chaussettes Collégien (21 octobre 2025).

 

Et puis, quelques pages plus loin que les petits angelots de la maison proprette, aaah ! À peine trois pages plus loin en réalité, peut-être que j’ai quand même quelque chose de cette personne-là…

Je ne mets pas les chaussons, jamais, mais moi aussi je… je…

 

– Hey, maman !!! Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?
– J’ai affiché le nouveau planning des dîners sur le frigo !

 

Moi aussi je planifie les repas. Depuis vingt ans. Mea culpa.
Et depuis quelque temps, moi aussi je les placarde sur la porte du frigo parce que j’en ai ma claque de répéter trois fois à chacun·e ce qu’on mange ce soir.

Tu sais lire ? T’as boosté ton CP ? Alors va voir sur le frigo s’te plaît, parce que si tu me reposes la question j’te démonte.
(Il se pourrait que je sois la proie de quelques menus emportements liés à la périménopause.)

 

Planche extraite de la bédé « La Distinction », de Typhaine Rivière (p.30).

 

Et si je retrouve des petits bouts de moi dans (presque) tous les personnages, si je peux être émue aux larmes par une pièce de théâtre contemporaine dans laquelle un mec dort allongé près d’une machine à laver, mais que je peux, dans le même temps, sortir en daronne à Kevin sweat à capuche et m’embrouiller avec quelqu’un dans la rue comme avant-hier en gueulant :

– Mais wesh, ça va pas ou quoi de faire un créneau sans regarder derrière vous ? Vos rétros, c’est une déco en carton ?!

… est-ce qu’alors ça signifie que j’échappe à la rigueur mesquine de la règle ou du règlement, à l’enfermement dans des étiquettes bien normées ?
Ou non pas du tout, c’est juste que les tics de langage de mes ados déteignent sur moi ?

Bon mais ce serait une excuse un peu bidon parce que j’ai toujours mal parlé. T’as vu. Mschiiii (bruit du tchip entre mes dents).

 

Planche extraite de la bédé « La Distinction », de Typhaine Rivière (p.47).

 

Quant à la planche que je vous ai gardée pour la fin, quelle surprise ! C’est une page où j’ai pris cher…

D’abord, moi je connaissais la gouine Quechua, mais pas la femme Quechua. Apprenez donc qu’on peut être Quechua ET hétéro.

Ensuite, sur le dialogue :

 

– « Comme moi », c’est-à-dire ? Tu trouves que je suis mal habillé ?
– Non, non, je dis ça parce que t’es un intellectuel !

 

… j’avoue ça m’a bien claqué la gueule.

Et le mec est dég’ aussi, comme moi ! Ça lui a pas plu qu’on dise ça de lui. Moi non plus ça me plaît pas ; bien évidemment que je préfèrerais avoir la classe comme Maud. Élégante, stylée.
Ou bien être sexy raffinée – et pas sexy déglinguée, comme me l’a dit un jour mon mari  😩

→ Relire My recovery running playlist

 

Planche extraite de la bédé « La Distinction », de Typhaine Rivière (p.88).

 

*****

 

Et vous, qu’avez-vous lu en octobre ?