Dessin de Tignous paru dans Charlie Hebdo le 30 novembre 2011.
https://www.youtube.com/watch?v=ZmWBrN7QV6Y
Lady Gaga, Til it happens to you, pour le film documentaire The Hunting Ground, 2015.
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Salut les abonnés !
Moi je l’ai fait, porter plainte.
Mais c’était trop tard, un gros paquet d’années trop tard. Ou bien au contraire, trop tard pour trop tard, c’était finalement un peu trop tôt. Parce que c’était deux ans avant l’affaire Weinstein, avant le mouvement #MeToo, et je suis sûre et certaine que le même cas, avec les mêmes personnes, dans le même tribunal, mais après Weinstein, dans le contexte qui a suivi, n’aurait pas eu la même issue. Je n’ai aucun doute là-dessus.
Mais ça ne sert à rien de ressasser. De partir en guerre contre le réel pour reconstruire ce qui aurait dû être. Surtout que ce qui m’a le plus blessée, ce n’est même pas que le jugement soit décevant ; ce qui m’a le plus blessée n’aurait probablement pas changé avec la sentence.
Un ami à ce moment-là m’a terriblement déçue. Déçue comme jamais je n’aurais imaginé que ce soit possible. Depuis ce n’est plus mon ami.
Je suis désolée, je vous balance mon porc tout ça là, brusquement, un dimanche matin sans prévenir. Un dimanche matin de Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, certes, mais un dimanche matin quand même. Ça se trouve, vous êtes tranquille en train de manger des croissants et vous voudriez, enfin si je le permets, déjeuner en paix !
Mais on me dit que c’est comme ça que je suis. Brusque.
Ces deux dernières semaines, je vous ai ouvert mon côté obscur (mais pur).
J’ai commencé par reconnaître que moi le dimanche en famille, ça me gonfle. Ça me déprime.
J’ai ensuite tombé le masque de la femme libérée et autonome qui peut tout faire toute seule. Non. J’ai des archaïsmes genrés enfouis bien profond qui me tiennent éloignée de tout ce qui est pour moi une affaire de mec. Couper du potimarron avec un très grand couteau. Faire un feu. Configurer un téléphone portable.
Enfin j’ai partagé avec vous les affres de la déception dans un article long et difficile, très personnel, que je repoussais depuis tellement de semaines qu’on pouvait les compter en mois.
Attention c’est trèèèès long (mettez vos enfants devant Vice-Versa pendant ce temps).
J’espère que maintenant je vais dormir.
Accepter que je n’ai pas besoin de tout tenir tout le temps, je peux simplement : laisser tomber.
C’est aussi à ça que sert de s’ouvrir aux autres. Comme un secret que l’on dépose.
En plus maintenant, depuis que je vous ai tout dit au détour d’une nouvelle playlist de running qui semblait pourtant inoffensive, vous savez que je ne suis pas sexy raffinée, alors je n’ai vraiment plus rien à cacher !
Pour les prochains mois, je prévois d’arrêter de vous raconter ma vie comme elle va et d’en revenir à la raison d’être de ce blog : le voyage.
Écrire enfin les articles manquants, avancer l’heure des bilans… Tenez, vous souvenez-vous où nous étions il y a un an ?
Bon dimanche les gens.
Audrey
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