S’il n’en restait qu’un(e) # décembre 2022

Photo : Mon arbre de décembre. C’est moi qui l’ai vu, de loin, tout nu, lors d’une balade de Noël en forêt autour d’Annecy (25 décembre 2022).

 

Au début du mois, j’ai lu sur un blog :

Gratitude pour la reprise des jeux de société en famille le dimanche après-midi, avec une provision de M&M’s à grignoter et la cheminée qui ronronne !

J’en suis restée comme deux ronds de flan, comme disait ma grand-mère maternelle, parce que personnellement les jeux de société le dimanche et la cheminée blabla, c’est tout ce que je déteste ! Les décos de Noël, boules, guirlandes, bonhommes de neige, traîneaux, le vieux Père-Noël, et pourquoi il est toujours gros ? a demandé le Marcass’ (9 ans), ça me fait chier.

Moi tout ce que je vois en décembre, c’est le froid. Et la nuit. La nuit le matin quand mes enfants partent à l’école, la nuit quand ils rentrent. Pas du centre de loisirs tard après l’école, non, quand ils rentrent direct de l’école à 16h30. Partout la nuit. La tristesse, le froid, la maladie. J’ai pété un thermomètre entre mes fesses s’te plaît. À l’équerre, au début du mois. True story.
Et dans ce froid, mon four me lâche. Il fait tout sauter dans la maison, puis il s’autodétruit. Terminé, salut. Plus de four.

Heureusement que je sais m’échapper. M’ouvrir des portes secrètes dans ma tête. Remplir une valise avec un rubis qui brille dedans et m’y accrocher bien serrée parce qu’il y a du vent.

 

Vignette tirée d’une planche de « Culottées » (p.88), volume 1, de Pénélope Bagieu, éd. Gallimard Bande dessinée, 2016.

 

Il est maintenant l’heure de ce dernier partage de fin de mois qui me remplit de joie parce qu’il annonce que décembre est ter-mi-né !

 

S’il n’en restait qu’un(e) # janvier 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # février 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # mars 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # avril 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # mai 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # juin 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # juillet 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # août 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # septembre 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # octobre 2022
S’il n’en restait qu’un(e) # novembre 2022

 

En décembre 2021, l’article qui a fait le plusse rire et pour lequel j’ai eu le plusse de retours enthousiastes (sans aucun doute grâce à la fantastique vidéo qui immortalise mon trail dans la boue du 6 décembre 2021 par le talentueux Coco), cet article donc est un récit du cauchemar que sont devenus mes samedis soir depuis le premier confinement, dans la rubrique VIVRE < Culture de-ci de-là.

 

8 décembre 2021 : Samedi (noir) soir

 

 

À mon tour, s’il n’en restait qu’un(e) de décembre 2022, voici ce que je vous ferais partager.

 

C’est la photo la plus attendue que j’ai reçue ce mois-ci ! Mickaël était en déplacement professionnel en Égypte pendant que je soignais des fièvres à plus de 40 degrés et que notre maison se transformait en véritable foyer viral. Là-bas, c’est un devoir moral d’emmener toute personne qui marche pour la première fois sur le sol égyptien voir les Pyramides. Le Grand Lièvre (11 ans), quoique sévèrement attaqué par la grippe, était dans l’exaltation de penser que son papa les voyait « en vrai » ! (13 décembre 2022).

 

 

Une découverte : le train-couchette de nuit.

Une idée de mon mari. Un kif pour lui, genre on part, on prend le Transsibérien, on vit dans le train et c’est le voyage, l’aventure, on traverse des villes mythiques, on va jusqu’à Samarcande. En vrai le Transsibérien ne passe pas par Samarcande mais on s’en fout là, on rêve, on est dans Corto Maltese, La Maison dorée de Samarkand, Raspoutine et Venexiana Stevenson.

De mon côté de la vraie vie, c’était plutôt Perpignan-Paris la nuit avec trois enfants. Réduction d’empreinte carbone et fresque du climat (S’il n’en restait qu’un(e) # septembre 2022).

Comment vous dire ?…
Déjà moi j’aime pas dormir toute seule dans un petit lit. Tous mes amis le savent, partout où il y a des lits superposés ou des lits solo, quand on loue une maison en week-end avec des potes, une fête sur deux jours dans un gîte, une auberge de jeunesse à Amsterdam dans une capitale (bon, l’auberge de jeunesse on ne l’a plus pratiquée depuis qu’on devenus des gros bourges mais avant), partout, on dort à deux dans le lit du bas. Or, dans le train-couchette, dès que je suis entrée (de profil) dans le compartiment, j’ai compris que ce serait pas possible.
T’as déjà pris un train-couchette ? T’as déjà vu la taille de la couchette d’un train-couchette ?
Ben je peux t’assurer qu’on tient pas à deux dedans, même ultra emboîtés, même si t’as passé les fêtes de Noël à boire du jus de citron avec de l’eau tiède et que t’as pas touché un chocolat, je te jure que tu tiens pas à deux. Déjà à un, ça peut être chaud. J’ai pensé à quelqu’un que je connais qui est rugbyman, eh ben il ne rentre pas sur la couchette. Ni en longueur ni en largeur, et même pas en diagonale. Donc il fait comment lui, avec son corps hors normes ?

Si les transports ferroviaires se développent – et depuis que j’ai lu Jancovici, je sais que c’est de loin la solution la moins destructrice pour la planète – il faut penser la conception des trains autrement. Avec des équipements aménagés et aussi des accès handicapés. On ne peut pas continuer à exclure tous les corps qui ne rentrent pas dans les couchettes cases.

Le Marcass’, pour sa part, a adoré le train de nuit, surtout la couchette tout en haut. Il a neuf ans, il mesure 1,35 m et il pèse 31,9 kilos (il est d’accord pour que je mentionne son poids ici). La couchette SNCF est donc parfaitement adaptée pour lui comme le petit lit de Boucle d’Or. Si toi t’es Papa Ours, tant pis pour ta gueule !

 

Le Marcass’ a tout aimé dans le train de nuit. La petite bouteille d’eau perso, le masque de sommeil pour les yeux et la pastille dentifrice à croquer qui ne nécessite pas de brosse à dent.

 

 

Un jeu : Le Désert interdit.

C’est un jeu de coopération que les garçons ont reçu à Noël. Je voulais pas jouer, j’ai tout fait pour pas jouer rapport au dimanche la cheminée blabla, j’ai recouru aux arguments les moins argumentés pour pas jouer (non mais regarde, Fred-ma-cops non plus elle joue pas avec ses enfants), et puis le Grand Lièvre m’a dit :

– Mais maman c’est Noël quand même… Si tu joues pas avec nous maintenant, tu joueras jamais !

Ça m’a perforé le cœur d’épines de culpabilité. Remplie de sable. J’ai cédé au désert interdit.
Ce soir je vais dire à Fred-ma-cops : hey Fred, pendant les vacances j’ai joué à Noël EN FAMILLE avec les garçons. Et toi ? Hein, hein ? Et toi ?

 

 

Un objet : les chaussettes de running contre le froid que ma cops Adeline m’a offertes.

Elles changent ma vie de runneuse, je te jure. Je les aime. D’amour. Je les aime tellement d’amour que je les porte quand je cours pas aussi. J’ai même essayé de les mettre sur mes mains pour les réchauffer mais c’est moins pratique, par exemple pour taper à l’ordi ou pour cuisiner.
Chaque chaussette est soigneusement étudiée pour un pied, c’est pourquoi il est indiqué en rouge L pour left, R pour right. Après évidemment il faut savoir lequel de tes deux pieds est le gauche, lequel est le droit, mais moi ça va, j’ai pas de problème avec ça. MOI.

 

Mes chaussettes de course danoises. Tu vois le petit L rouge au bout ? L pour left. C’est la chaussette du pied gauche.

 

 

Un album à lire et à écouter : La musique africaine – Timbélélé et la Reine Lune, mis en musique par Toure Kunda, éd. Gallimard Jeunesse, octobre 2008.

Ce livre est paru trois mois avant la naissance de Garance (13 ans). Et il a tellement tourné chez moi quand elle était bébé, tu peux pas savoir ! Dès les premières notes, je me retrouve projetée dans les nuits sans sommeil, les biberons qui durent des plombes et les pleurs à consoler. Pour apaiser les angoisses, il y avait les Comptines et berceuses du baobab, et, toujours, Timbélélé.
Puis Lucien (11 ans) est né, puis Marcel (9 ans), et j’ai continué avec ces deux mêmes albums à écouter qui savaient si bien réconforter les petits et les gros chagrins.

Au début du mois, les garçons sont rentrés à la maison, qui de son CM1, qui de sa 6e, totalement électrisés par l’atelier de musiciens mandingues auquel ils avaient chacun assisté (séparément). J’entendais kora, balafon, khollé… c’est alors qu’ils ont réclamé Timbélélé. Ah mais c’est vrai ça tiens ! Où il est Timbélélé ?
Et je ne l’ai pas trouvé. J’ai cherché à tous les endroits où il aurait pu être, où il aurait dû être, mais je ne l’ai pas trouvé. J’ai fini par me dire que j’avais dû le donner, comme tant d’autres, à des amis qui ont des enfants plus jeunes que les miens. Sauf que c’était Timbélélé quand même, et ça m’a fait quelque chose. Comme un vide, un manque.

Quelques jours plus tard, la grande maladie de l’hiver qui commence par g (non c’est pas le covid) a entièrement gangrené ma maison. Que les choses soient claires : l’influenza n’a épargné personne et nous a tous mis au tapis pour vingt et un jours, les uns après les autres. Le Grand Lièvre n’est pas allé au collège de toute la semaine avant les vacances. Et c’est en reposant le thermomètre avec lequel je venais de mesurer le niveau de sa fièvre sur un côté de la grande bibliothèque du salon que je l’ai vu. Le coin de la couverture bleue de Timbélélé. Mon cœur s’est mis à battre plus vite et quand j’ai attrapé le livre du trou noir où il avait glissé, j’ai senti monter en moi la joie et le soulagement de le retrouver. De l’avoir gardé.
Il y a des albums comme ça, des chansons, c’est trop d’émotion.

 

Quelques minutes après cette photo dont le but inavouable était de faire culpabiliser mon mari qui se pâmait devant le Sphinx de Gizeh pendant que je vivais la misère avec trois enfants malades et, pire, malade moi-même, je retrouvais Timbélélé. La nuit d’avant, le même thermomètre indiquait 41,3. Quand tu essayes de te rappeler que la fièvre c’est bien, parce que c’est le corps de ton enfant qui se défend contre le virus. Mais c’est pas facile.

 

 

Un livre de cuisine : BMK, Cuisines d’Afrique de Paris à Bamako, de Abdoulaye et Fousseyni Djikine, éd. Hachette Pratique, 2021.

Ce livre a été le soleil de papier de mon mois de décembre.
Chez moi j’ai déjà Le Vrai goût du Mali, de Lydia Gautier et Jean-François Mallet. Un album de photos magnifiques mais aux recettes toutes plus décevantes les unes que les autres. Pardon mais les auteurs ne sont pas maliens. Lydia Gautier est experte en thés et Jean-François Mallet est l’auteur des livres de cuisine Simplissime dont le succès public a été tel qu’il s’en est décliné des suites et des suites. Je ne vous dirai pas ce que pense mon mari des recettes simplissimes de Jean-François Mallet. De la merde. Quant aux recettes du Vrai goût du Mali, elles sont comme la plupart des recettes dans les livres de cuisine illustrés de photos magnifiques : non testées. Accessoires. Mensongères.
C’est la raison pour laquelle je n’aime pas les livres de cuisine d’auteur(e)s que je ne connais pas personnellement. Dont je ne sais pas la rigueur et l’engagement. À l’exception, bien sûr, du maître incontesté : j’ai nommé Yotam Ottolenghi !

Car ce n’est finalement là encore qu’une question d’exigence envers soi-même. De l’amour et du soin que l’on porte à ce qu’on fait. C’est pourquoi je pensais d’abord tester quelques recettes de cet ouvrage, puis, si j’en étais satisfaite, carrément le commander au vieux quand il descendra du ciel avec son bonnet rouge à pompon et sa barbe blanche qui fait hohoho. Putain le mec en a pas marre. Mais rase-toi, fais-toi la moustache à Freddie, merde !

Mais. J’ai été trop malade. Trop malade et trop trop longtemps. La grippe c’est le mal absolu.
Du coup j’ai rien testé. Je vais devoir rendre le livre à la bibliothèque et le réemprunter car tout ce que j’ai lu, tout ce que j’ai vu, j’ai envie de le faire.

 

« Le Vrai goût du Mali », dont les photos et notamment les portraits sont magnifiques, et BMK, le vrai livre pour cuisiner.

 

La cuisine africaine, dans l’esprit, c’est tout à l’inverse de ma cuisine. Ma cuisine à moi n’est pas du tout intuitive. Je ne l’ai pas apprise par mimétisme, par imprégnation dans des bains bouillonnants. Elle ne m’est pas venue naturellement, elle n’est pas plaisir, elle n’est pas famille, elle n’est pas généreuse non plus. Elle est précise, chiffrée. Quand je cuisine, j’ai besoin de poids, de quantités, de temps de cuisson. Pas de : oh ! tu verses et tu vois bien ! à la Marlou style.
Dans la cuisine africaine, on goûte à chaque étape. Pour vérifier l’assaisonnement, la cuisson, savoir où tu en es, quoi ajouter… Moi je ne goûte JAMAIS le plat que je suis en train de préparer. Jamais jamais. Pourtant je sais que goûter à chaque étape, au-delà de la cuisine africaine, c’est le conseil le plus répandu de nombreux(ses) chef(fe)s. Tandis que moi, ce que je transmets à mes enfants, au Marcass’ surtout, qui est celui des trois qui cuisine le plusse avec moi, c’est : quand tu prépares, tu ne manges pas. Ce sont deux temps bien séparés, cuisiner et manger. Qui ne se recouvrent pas.

Mais ce livre, BMK, on dirait qu’il m’accueille telle que je suis dans ma cuisine, avec mes failles et mes rigidités de temps et de cloisonnement. J’aurais tant aimé qu’il existe quand j’ai démarré ! Comme il m’aurait aidée… Avec la rigueur apportée à ses fiches produit, la précision de ses explications, ses tips et ses pas à pas en images tellement essentiels pour qui n’a pas passé son enfance dans une cour de Bamako entre calebasses de mil, sauce mafé qui mijote sur le feu, et poulets qui trottinent autour !

« Faites frire les cuisses de poulet dans une huile pas trop chaude. En effet, si l’huile est trop chaude, l’extérieur sera doré, mais le poulet ne sera pas cuit à cœur. Comptez 15 à 20 min. pour des cuisses de poulet d’environ 350 g. Au terme de la durée de friture recommandée, pour être certain de la bonne cuisson des cuisses de poulet, vous pouvez les inciser au niveau de la jointure. Si elles sont encore sanguinolentes, remettez-les à cuire. » (p.47)

Ah oui ! Là ça me plaît ! Pour des cuisses de poulet d’environ 350 g. Là on parle (de précision) !
Merci Abdoulaye, merci Fousseyni, de ne pas me faire sentir, pour une fois, comme si j’étais une grosse P4 de la cuisine. Inapte. Comme si mes questions de poids et de quantité étaient débiles, moi qui ai appris à cuisiner africain à l’aveugle et sans modèle, en faisant et en ratant pas mal – forcément, quand tu manies des légumes et des condiments qui te sont inconnus… ou quand tu t’essayes au fonio (que j’adore) dont la cuisson est si délicate…

 

Extrait de « BMK, Cuisines d’Afrique de Paris à Bamako », de Abdoulaye et Fousseyni Djikine, pp.12-13.

 

Si vous êtes originaire d’Afrique de l’Ouest, vous savez déjà tout ça. Ces conseils préambules. Vous les tenez de votre mère, de vos tanties, de vos sœurs et cousines, de vos voisines. Vous cuisinez sans livre, à l’instinct, et n’avez certainement pas envie de trahir d’un gombo la recette de djouka de votre mamamuso.

Mais si vous êtes un(e) toubab, je vous recommande fortement ce livre.

J’y ai même trouvé la recette du dégué qui m’avait fait monter les larmes aux yeux quand j’étais au Mali et que j’ai cherchée ensuite désespérément pendant des années avant de bricoler un dégué à ma façon, qui n’a jamais égalé l’émotion du premier. Le livre contient aussi la recette du jus de bouye, pour lequel j’ai acheté un jour en magasin bio de la poudre de baobab qui est désormais périmée mais toujours dans mon placard, et consacre une partie de ses pages aux cuisines d’Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda) et du Sud.
Je vous ai dit que je n’avais pas encore testé les recettes parce que j’ai été trop malade, mais je les ai toutes lues très attentivement et j’ai désormais assez d’expérience, en cuisine de façon générale et en cuisine africaine en particulier, pour me rendre compte si une recette est fiable ou pas. Je les testerai bientôt. Mes enfants et mon mari aiment manger africain, surtout riz au gras bœuf et ragoût d’ignames.
(On dirait pas une pub pourrie des années 80 franchement ? Mes enfants et mon mari aiment Kinder chocolat… et moi aussi ! Pfff. J’ai envie de me gifler.)

Enfin quand on parle de manger à l’africaine, en tout cas à la malienne, on ne peut pas ne pas parler de manger à la main. Traditionnellement je sais bien que la main gauche est interdite, taboue, parce qu’elle est celle qui sert à s’essuyer le cul et donc considérée comme impure. Ah. Bon. Notez que moi ça me va bien de manger avec la main droite vu que je suis droitière, mais perso, en tant que droitière, c’est aussi avec la main droite que je m’essuie les fesses. Que je nettoie le thermomètre des fesses de mes enfants. Que je touche les fesses des autres. Que je me mouche. Que je couvre ma bouche quand je tousse. Pardon pour ce concentré viral de mon mois de décembre. Considérez que c’est avec la main droite que je fais TOUT, l’autorisé comme l’interdit. Comme ça vous êtes prévenu(e)s, si vous venez manger à la main chez moi dans le plat commun.

D’ailleurs, suite à cette auto-observation, j’ai lancé un sondage auprès de celle et ceux qui vivent avec moi. Il en ressort que les deux autres droitiers de la maisonnée s’essuient les fesses de la main droite tout comme moi et… attention ! Spoiler ! Retournement de situation ! Bombe dans la flaque de la vérité ! Des deux gauchers qui vivent sous mon toit, les deux s’essuient les fesses également avec la main droite !!! (#LesGauchersSontDesGensChelou)

Voilà, vous êtes prévenu(e)s.

 

Un exemple de fiche produit indispensable : le gombo. Les autres concernent le mil, le baobab, l’arachide, le manioc, le fonio… Extrait de « BMK, Cuisines d’Afrique de Paris à Bamako », de Abdoulaye et Fousseyni Djikine, pp.48-49.

 

 

Un mot que j’ai appris : égrillard. Ou égrillarde.

J’ai appris ce mot en adjectif à la fin du mois mais j’ai lu dans mon Dictionnaire culturel qu’il peut aussi être un nom. Enfin qu’il pouvait. Autrefois, au temps jadis. Dans un registre de vocabulaire désuet. Et des fois on peut aimer le côté désuet, si on pense à « ma tendre aimée » par exemple. Sauf que bon, égrillarde, c’est pas l’idée de « ma tendre aimée ». Ou peut-être que ça n’empêche pas, mais avant tout égrillarde c’est plus direct si tu vois ce que je veux dire… Plus cash. Pas froid aux yeux.

J’ai découvert ce mot dans le roman La touche étoile, de Benoîte Groult, alors tu penses ! Je vous ai déjà dit tout le bien que m’inspire Benoîte Groult, non ?
Mais si ! Au moins ici quand je lisais sa biographie en bande dessinée par Catel, et au moins quand je lisais son Journal amoureux avec Paul Guimard. Plus récemment, je l’ai même citée dans mon article S’il n’en restait qu’un(e) # juillet 2022. Je vous faisais partager une phrase d’elle que j’adore et qui contient toute sa malice, son intelligence et sa clairvoyance :

« Être désirée, c’est une grande chance, surtout à mon âge ! »

Quand Benoîte Groult a dit ça, elle avait 90 ans. Elle est morte six ans plus tard, en 2016. C’est quelqu’un que j’aurais beaucoup aimé rencontrer.

 

Extrait de « La touche étoile », de Benoîte Groult, pp.32-33 (éd. Grasset, 2006).

 

 

Une phrase dans le noir qui est pleine d’espoirs : « Le film n’est pas encore fini… » (mardi 6 décembre 2022)

 

 

Un poème : « Avant que tout éclate en morceaux », dans le recueil Comme un boxeur dans une cathédrale, de Dyane Léger, éd. Perce-Neige, 1996.

C’est le début de ce poème qu’on m’a offert il y a quelques mois, avant que vienne l’hiver.
Mais je n’y étais pas encore.

Avant que tout éclate en morceaux
j’aimerais écrire dans ta main
Un tout petit poème
Du bout du doigt.
Un tout petit poème plein de chaleur
De lait
De miel
Et de lumière.
Un poème où tu voudras passer l’hiver.

Maintenant j’y suis. Et oui, c’est là que je voudrais passer l’hiver.
Dyane Léger est canadienne alors tu parles ! L’hiver, elle sait ce que c’est…

 

 

 

Un film : Mary Poppins.

Je vous parle d’un film que je n’ai jamais revu mais que j’ai vu quand même, une fois, il y a longtemps, par intermittences, et que j’avais trouvé particulièrement chiant ennuyeux. Imagine ma tête quand j’apprends que c’est le film de Noël que vont aller voir les enfants avec la sortie cinéma de l’école élémentaire ! Moi c’est sûr je peux pas accompagner la classe parce que tu comprends, ce mardi-là, j’ai justement café chez moi piscine…

Mais je découvre qu’il y a des vraies gens qui aiment ce film. Mary Poppins. Des vraies gens qui aiment tellement ce film qu’ils le font tourner en boucle chez eux pendant la période de Noël, comme un fond sonore propice à faire des activités manuelles ensemble le dimanche en famille (par exemple fabriquer des bougies d’ambiance parfumées). Je vous jure sur ma vie que c’est pas une blague pour déconner ou se moquer de moi, les jeux de société le dimanche, les M&M’s et la cheminée blabla : il y a des gens qui aiment vraiment ça !
J’ai d’ailleurs procédé à une grande enquête empirique élaborée à partir de l’hypothèse suivante (qui m’a été soufflée) :

Les personnes (plutôt de genre sexe féminin d’après l’enquête) qui aiment le film Mary Poppins sont, à très forte probabilité, des personnes dont le prénom commence par la syllabe phonétique [ka].

Caroline. Karine. Katia. Re-Caroline, pas Carolyne. Camille fille et Camille garçon aussi – comme quoi la règle du [ka] prévaut sur la règle du genre. Il faut que je vérifie avec mon copain Karim. Et je n’ai malheureusement pas de Catherine dans mon entourage, donc si vous voulez participer à cette enquête sérieuse, merci de laisser votre commentaire à la fin de l’article.

Enfin. Il y a plus important. Car ce que m’a révélé Mary Poppins ce mois-ci, c’est que c’est un film devant lequel l’ennui devient une source formidable de créativité (d’où les activités manuelles). Une source formidable de créativité, d’audace et d’imagination. Je ne penserai PLUS JAMAIS Mary Poppins de la même façon. De ma vie. Si un jour je le revois. Peut-être. Quand je serai une vieille mémé toute ridée et que je partagerai mes souvenirs que personne n’écoutera en pensant que je yoyote de la touffe : oh oh oh… (pas hohoho comme le Père-No, merci), Mary Poppins en décembre 2022, quand même…

Quand le Marcass’ est rentré de l’école ce mardi-là, avec du retard parce que le film est trèèèèès long, il n’avait même pas encore enlevé son manteau qu’il m’a crié depuis l’entrée :

– Maman ! Le film c’était tellement pourri ! T’as trop de la chance de pas être venue !

J’ai trop de la chance, c’est vrai. Mais ma chance, gros, c’est moi qui la crée aussi.

 

Dans le cahier de liaison du Marcass’ (décembre 2022).

 

 

Un concept : le syndrome de l’arrêt de bus.

Il était une fois le syndrome de l’arrêt de bus et mon four qui me lâche. Le syndrome de l’arrêt de bus c’est le concept, et l’histoire de mon four qui me lâche l’exemple qui illustre le concept. Vous suivez ?
Imagine tu attends le bus. Il doit arriver dans cinq minutes. Mais dans cinq minutes il n’arrive pas. Tu attends encore, peut-être qu’il a un peu de retard. Cinq minutes, cinq minutes, cinq minutes. Maintenant ça fait vingt minutes que ça fait cinq minutes. Tu te dis que si tu avais choisi de rentrer à pied, tu serais déjà arrivé(e) chez toi. Mais t’as attendu le bus alors tu vas pas rentrer à pied maintenant, ce serait quand même con de le voir passer à côté de toi sur la route après avoir attendu tout ce temps ! Alors tu attends encore. Cinq minutes, cinq minutes, cinq minutes. De cinq minutes en cinq minutes, tu attends une demi-heure, une heure, deux heures, tu continues d’attendre au-delà du bon sens, tu attends pour justifier d’avoir autant attendu.
Tu attends pour rester fidèle au choix que tu as fait il y a toute une vie de cinq minutes quand tu croyais que le bus allait passer.
Tu attends parce que tu penses que tu ne peux plus changer de direction. Tu sais bien que quelque chose ne va pas mais tu ne peux plus bouger. Tu es piégé(e).

À mon four maintenant. Mon four est un pauvre four qui était déjà dans la maison quand nous l’avons achetée il y a onze ans. Un four moyen, encastré, sale et impossible à nettoyer mais bon. Il était là. Il était là depuis je ne sais combien de temps. L’auto-nettoyage par pyrolyse ne s’enclenchait plus car les joints de la porte n’étaient plus hermétiques, la lumière intérieure ne marchait plus, ni la fonction programmation automatique, ce qui m’obligeait à être toujours présente quand je faisais cuire quelque chose, mais il était là donc.

Il y a quelques années, j’ai pris conscience que si mes gâteaux n’étaient jamais croustillants et mes muffins toujours pouf-pouf, c’était à cause de mon four défaillant. Qui ne chauffait plus assez fort. Mon mari a proposé qu’on change de four. J’ai paniqué. Reporté à tu sais quand. Un jour. Plus tard. Régulièrement la question s’est reposée. Mais puisque j’avais déjà tellement attendu… Puisque bientôt, sûrement, on allait déménager. Dans une nouvelle maison, et donc une nouvelle cuisine, un jour, plus tard, j’aurais un nouveau four. Un super four.

Alors d’accord il y a tout le temps de « en attendant » : en attendant qu’on déménage, SI on déménage, ça changerait quand même la vie d’avoir un nouveau four qui fonctionne normalement. Qui ne flingue pas à la cuisson tous mes efforts de préparation. D’accord mais, puisque je ne l’avais pas changé tout de suite, ce vieux four intégré, puisqu’il était désormais entendu que J’AURAIS DÛ le changer tout de suite, dès que j’ai emménagé dans la maison, mais puisque je ne l’ai pas fait, puisque j’ai déjà tellement attendu, tant d’années, à quoi bon le changer maintenant ?

Autant attendre encore. Qu’on déménage. Le bon moment. Un jour. Plus tard.

 

You got it ? Tu vois le lien avec l’arrêt de bus là ? Ça y est, tu l’as ?
Bon bah la suite tu la connais : j’ai continué d’attendre (un jour, plus tard), et au début du mois quand il a commencé à faire froid, mon vieux four qui ne chauffait plus assez est mort. Rien à battre de moi qui venais de passer ma vie onze ans à attendre avant de, peut-être, décider que je méritais de vivre quelque chose de mieux. Ça m’a achevée. Évidemment ça arrivait au pire moment : j’étais malade et pas du tout prête à aller vers l’inconnu (ce qui est souvent le cas quand on laisse le hasard prendre pour soi une décision qu’on n’a pas su prendre).
L’élan d’un nouveau four et ce que cela implique de changements, rendez-vous compte !

 

Le vieux four des anciens propriétaires de ma maison que je n’ai jamais changé. Quand je le regarde, j’ai le sentiment pénible d’années gaspillées. Je ne comprends pas pourquoi j’ai tant attendu. Ce que j’attendais exactement.

 

Alors la morale de cette histoire, peut-être, c’est que, où que tu en sois dans ta vie, il n’est pas trop tard pour faire ce qui est bon pour toi. Ce qui sera meilleur pour toi, commence à le faire tout de suite. Right now. Sans regarder derrière toi tout ce temps passé sans bouger, tout ce temps perdu à attendre un bus qui ne viendra pas, mets-toi en marche et commence à le faire sans te juger, sans te dire que si tu le fais maintenant, alors c’est que tu aurais dû le faire bien avant et que cela invalide tout ce que tu as fait jusqu’à présent. Non ! Ça c’est le raisonnement de ton mental qui a peur et préfère que tu restes immobile.
Ne fais pas comme moi avec mon four. Ne laisse pas le hasard décider pour toi, parce qu’il se pourrait qu’il décide quand ton temps sera achevé et que tu ne pourras plus marcher.
Rappelle-toi, toujours, ces mots de Leonora Miano :

Les jours qui nous attendent ne devront pas mourir pour venger ceux qui se sont enfuis.

Ces mots-là, je vous en ai déjà parlé à plusieurs reprises, ici et ici. Ils sont puissants.

Le meilleur pour toi, c’est pas parce que tu ne l’as pas fait avant qu’il ne faut pas le faire maintenant. Sinon dans cinq ans, dans dix ans, dans vingt ans, ce sera pire. Le bus sera passé au moment où, à force de l’attendre si longtemps sans bouger, ton corps s’est engourdi sur le banc. Tu n’as pas pu monter. Le bus est parti sans toi. Et tu porteras les regrets de toute ta vie. Alors les jours qui nous attendent doivent vivre pour réparer ceux qui se sont égarés.
Regarde moi avec mon nouveau four maintenant, comme je suis contente.

Je ne vous fais pas la morale. Je ne sais pas mieux que vous, je ne m’en sors pas mieux non plus. Parce que je vous parle de mon vieux four mais il y a les plaques électriques aussi… T’y crois qu’elles aussi étaient déjà là quand on a emménagé et que je ne les ai jamais changées, sachant que seules deux sur quatre fonctionnent ?
Sachant le temps et l’amour que je passe chaque jour dans la cuisine ?

 

Alors si on pouvait vivre ces jours à venir sans qu’ils soient déjà morts, peut-être ce serait pas mal…

 

 

Un truc qui se mange : la nduja, l’occelli, la bagna (en Italie on est bien, on y reste).

Nduja. Nduja. J’ai des amies attentives qui lisent les articles de mon blog et se rappellent mes désirs, mes lubies… et m’offrent de quoi les réaliser !
Le ou la nduja – j’arrive pas à savoir comment on dit – le ou la nduja est une saucisse très pimentée originaire de Calabre, à la consistance crémeuse, qui se tartine sur du pain ou s’utilise dans des préparations. Elle est très difficile à trouver. Mais j’ai des ami(e)s super !

Au début du mois, avec la nduja que mon amie Isa m’a rapportée, j’ai préparé une sauce pour les pâtes avec du mascarpone (on ne dit pas « de la mascarpone »), de l’ail et des oignons fondus. C’était waaaa hyper pimenté !  🌶️🌶️🌶️
(Heureusement j’ai des enfants qui mangent bien pimenté depuis qu’on est rentrés de voyage autour du monde et qu’ils mangeaient rien parce que « ça piquait trop ».)

Plus tard dans la semaine – deux fois des pâtes dans la même semaine, on sentait que j’allais tomber malade – j’ai upgradé ma sauce en y ajoutant des bouquets de chou-fleur que j’avais fait cuire à la vapeur. La sauce était plus épaisse, moins je-brûle-tout-sur-mon-passage, et donc meilleure.

 

Rigatoni à la nduja, version minimaliste sans chou-fleur. Mais les rigatoni s’accommodent mieux de sauces riches et épaisses, à la tomate et à la viande par exemple. Ici je vous conseille plutôt de prendre des conchiglioni (= des petites conchiglies, pas celles qu’on farcit quand on n’a pas d’enfants on a le temps et qu’on veut impressionner son amoureux(se)).

 

Si le piment c’est trop pour vous et que vous préférez quelque chose de doux, je peux vous proposer le plateau de pâtisseries orientales miel et pistaches que mon mari a rapportées de son déplacement professionnel en Égypte. À ce moment-là, j’étais au fond du gouffre de la maladie qui s’agrippait à moi et je venais de passer à la vitesse supérieure de la lutte avec une mixture immuno-stimulante de ma fabrication, particulièrement violente, à base d’ail cru pressé / gingembre frais râpé / jus de citron / HE origan compact dès le saut du lit. Déjà l’ail cru tout seul en bouillie au réveil c’est hardcore, mais l’huile essentielle d’origan que j’ajoute dedans, popopo. T’as pas idée. Une seule goutte d’origan dans le mélange d’ail et c’est plus puissant que n’importe laquelle de tes huiles essentielles. À côté, la nduja c’est une pâtisserie au miel ! Je te jure. Ne le fais que si tu as TOUT essayé auparavant et jamais plus de cinq jours de suite, même si tu n’es pas guéri(e).

C’est ce qui s’est passé pour moi cette fois-ci. Mon auto-mélange de la dernière chance n’a pas suffi. Cette grippe de décembre 2022 c’est pfioouuu. Laissez-moi vous dire que je n’étais pas du tout en état d’apprécier les pâtisseries orientales sus-citées. Et tant mieux pour vous finalement parce que le mois dernier dans cette rubrique, j’ai abusé.

S’il n’en restait qu’un(e) # novembre 2022

Il y avait trop de « trucs à manger », la rubrique a pris quasiment le tiers de l’article ! J’avais l’excuse de l’Italie et de mon week-end à Rome, d’accord, mais quand même, j’ai abusé. Je vous ai gavés comme des oies avant Noël. Alors que, comme je dis toujours, l’hiver c’est la meilleure saison pour perdre du poids. Il n’y a qu’à laisser faire le froid…

 

Pâtisseries égyptiennes rapportées de la boutique cairote Mandarine Koueider. Chez moi, c’est surtout la Petite Souris et son papa qui les engloutissent par grappes de cinq ou six. Ça va quoi, il faut bien goûter une de chaque…

 

Mais puisque décembre c’est Noël et que, oie ou pas oie, malade ou gavée, j’étais invitée, j’ai découvert ce mois-ci l’occelli en feuilles de châtaignier. C’est un fromage fabriqué dans le Piémont, en Italie, à partir de lait de vache et de chèvre et dont l’affinage se poursuit dans des feuilles de châtaignier. Si vous n’avez pas la carte des régions d’Italie en tête, pauvres de vous à quoi pensez-vous, je vous glisse vite fait que la Calabre (pour la nduja) c’est la pointe de la botte, et que le Piémont, qui offre tant et tant de spécialités délicieuses et de noisettes, se situe tout au nord-ouest de l’Italie, à la frontière avec la France et la Suisse.
Notez que ce premier occelli de ma vie, je l’ai goûté à Annecy où il n’avait pas fait trop de chemin. Toute petite empreinte carbone. Minuscule. Car je ne crois pas que l’occelli soit fabriqué par quelqu’un d’autre que par l’artisan fromager piémontais Beppino Occelli, qui l’a créé et lui a donné son nom. J’ai adoré. C’est très salé mais le sel (avec le piquant), c’est la vraie vie !  😉

Plus tard, à un autre Noël (il y a toujours plusieurs repas de Noël dans Noël, c’est un peu le concept), j’ai mangé la bagna de ma belle-mère qui vient aussi du Piémont (la bagna, ma belle-mère) et qui est aussi très salée (la bagna). Je devrais dire bagna cauda pour être exacte et vous apprendre le monde, mais chez nous on dit bagna et ça suffit.
Je me suis promis que la prochaine fois c’est moi qui la ferai, donc si vous n’avez pas froid aux yeux des papilles et que vous avez envie de goûter à la bagna, si vous êtes en quelque sorte un(e) égrillard(e) de la langue*, invitez-vous chez moi !

* Précision importante à l’attention de mes lecteurs véganes : IL N’Y A PAS DE LANGUE DANS LA BAGNA !
Je disais langue au sens de : égrillard(e) de votre langue à vous. Curieux(se). Aventurier(e), si vous préférez. Par exemple mon mari goûte tout, aime tout. Il est la personne la plus ouverte en cuisine que je connaisse. Une des deux personnes. Mais la langue de bœuf, c’est pas possible. No way. Zone interdite. Je crois qu’il vomit juste de voir les petits picots sur le morceau de chair…

 

Ceci n’est pas une langue. Ceci n’est pas la bagna, ceci n’est pas l’occelli. Pendant sa grippe, le Grand Lièvre s’est nourri exclusivement de fruits. Beaucoup de kiwis et ce kiwano de la photo (qu’on appelle aussi mélano) : un drôle de fruit plein d’eau, au goût mélangé de banane et de citron vert. C’est pas ouf, si vous voulez mon avis. Je préfère de très en avant les kakis.

 

 

Un bruit qui ne te laisse jamais oublier que c’est l’hiver : la toux.

La toux et les reniflements de chacun de tes enfants que tu connais par cœur, le jour, la nuit, séparément, en chœur, et qui te rappellent à chaque instant que c’est l’hiver, qu’il fait froid et que t’as pas fini d’acheter des mouchoirs.

 

 

Un leitmotiv : Je suis là pour moi.

Je bade avec le mois de décembre ? L’angoisse m’étreint et ne laisse plus passer la lumière ? Tout est triste, tout est moche, tout est petit et dans mon cœur c’est tout gris ?
T’inquiète. Je suis là pour moi. Bon là c’est vrai, je suis roulée en boule, je pleure et tout mais : je ne m’enfuis pas devant ma tristesse. Je m’accompagne, je reste dans mon équipe. Je sais que quand ça ne va pas, je peux compter sur moi. Je peux m’appeler n’importe quand, je serai toujours là pour moi.

→ Lire aussi Tu fais quoi toi, quand t’es triste ?

 

Poème de Rupi Kaur dans le recueil « home body », éd. Pocket, 2022.

 

 

Une pensée à méditer : « Même le poisson qui vit dans l’eau a toujours soif. » (Proverbe camerounais)

Voilà, y’a pas que les oiseaux qui volent toujours plus haut ! Pas que moi qui veux toujours un bras… Vouloir plusse de ce qu’on a déjà, plusse d’amour, plusse de joie, c’est une façon d’être sûr(e) d’être en vie, non ?

 

 

Une chanson : Je cours, de Tom Poisson.

Je n’ai presque pas couru ce mois-ci, à cause de la maladie qui m’a coupé les ailes – et les jambes aussi, pour courir c’est embêtant. Mais pendant tout ce temps, je réécoutais Tom Poisson. Je regardais sans me lasser son clip rempli d’arbres nus de l’hiver et de petites fleurs jaunes qui résistent (et le bonnet de Tom, j’adore son bonnet !).

Je cours, je tombe
Je cours et puis je tombe
Je tombe et je m’envole encore
Je vole à me briser les ailes

Je ne remercierai jamais assez l’écrivain organiste qui m’a fait découvrir la poésie joyeuse de Tom Poisson. C’est grâce à lui si vous le découvrez à votre tour.

 

Tom Poisson, Je cours, album « Se passer des visages », édition Deluxe 2022.

 

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Et vous, que gardez-vous de décembre 2022 ?