Bientôt Noël (& moi)

Ça commence à faire pas mal de keep calm sur ce blog, mais le keep calm autour de Noël est clairement celui que j’ai le plus de mal à tenir. Je suis pas bien. Et pourtant cette année, on reste que nous cinq et on fait rien. Pas de déplacements, pas de fêtes de famille, pas de repas de ouf, rien. Je combats Noël contre moi-même…

 

 

– Qu’est-ce que tu fais maman ?
– Je pense à des idées.

 

Court extrait de conversation avec le Marcass’ (8 ans), ce vendredi 26 novembre 2021. Bien sûr il aurait dû être à l’école cette après-midi à 15h au lieu de me tourner autour à me demander ce que je faisais. Mais il y a eu covid chez nous, le Marcass’ était négatif donc il a été confiné trèèèès longtemps, et blablabla, je ne vous refais pas toute l’histoire et sa précision.

Donc là, ce vendredi 26 novembre 2021, il n’est pas à l’école, il est collé à moi. Physiquement collé, au sens propre. Collé. Évidemment c’était il y a trois semaines, à l’époque on ne savait pas. Depuis il ne vous aura pas échappé que c’est bientôt Noël, et maintenant s’il y a un covid dans une classe, les autres enfants et l’enseignant ne sont PAS cas-contact. T’inquiète.

Aujourd’hui mercredi 15 décembre, on est plus proche du 25 que du 1er. Mathématiquement. Plus proche de Noël que du premier jour du compte à rebours. Je dis ça comme ça, je constate, juste pour (me) dire : ça va venir. On ne peut pas empêcher que ça vienne. Quand c’est là c’est là. Comme la mort un peu. Ou le covid. Et l’idée me vient que l’amour aussi. On ne peut pas l’empêcher.

 

J’aime pas les chants de Noël, les Jingle Bells, Let it snow, Christmas is all around, Petit Papa gnagna et Mon beau sapin. Quand je les entends, j’ai envie de m’enfuir loin.
Mais on peut pas toujours fuir pour rien sentir, c’est ça qui craint. Parfois fuir un problème une difficulté une blessure produit exactement l’inverse de ce qu’on cherchait – à savoir le faire disparaître par magie. Parfois plus tu le fuis, plus le problème la difficulté la blessure continue de se présenter sous toutes sortes de formes dans ta vie.
On and on. Again and again. Tu crois fuir mais tu ne fais que tourner en rond autour du même point, à cette souffrance originelle dont tu n’es pas guéri(e), tu t’enfonces toujours au même endroit sombre dans le triangle sans qu’il en ressorte rien qui t’éclaire parce que pour ça, il faudrait que tu pètes le mur que tu as construit autour de toi.

Au bout d’un moment, c’est pas tant que tu prends courage que tu n’en peux plus de souffrir. Tu comprends qu’il est l’heure de grandir.

 

Pink Floyd, mix des albums « The Wall » (1979) and « The Dark Side of the Moon » (1973).

 

Depuis deux ans j’essaye de démêler pourquoi, à l’approche des fêtes – et même ça, cette expression figée, « les fêtes », comme si on était obligés, comme si on n’était pas libres de fêter ce qu’on veut quand on veut – pourquoi, quand revient cette période, j’ai tellement envie de m’enfuir. Je revois tous mes Noëls passés, je réfléchis ma vie à travers le prisme de Noël, je creuse à la pelleteuse. Et j’ai pas fini mais j’ai beaucoup appris. Beaucoup compris, beaucoup grandi.

On revit les mêmes trucs qui nous blessent parce qu’on se reraconte les mêmes histoires qui nous ramènent toujours au même endroit. Alors que : on pourrait choisir de descendre une autre piste. Considérer que ce qui a été vrai à un moment donné de notre vie ne l’est plus forcément aujourd’hui. Et que, par conséquent, on n’est pas tenu(e), par fidélité à la personne qui a souffert, qu’on a été mais qu’on n’est plus, de reproduire toujours le même schéma narratif qui nous balance direct dans la même ornière. Tu vois un peu ?

 

Les jours qui nous attendent ne devront pas mourir pour venger ceux qui se sont enfuis.

C’est la phrase de Leonora Miano qui m’a tellement percutée quand je l’ai lue il y a trois ans dans son roman, Contours du jour qui vient, que je ne l’ai plus jamais oubliée. Je vous la rapportais déjà ici dans mon premier article de l’année. (Comme quoi je ne vous mens pas quand je vous dis que depuis deux ans je suis en chantier là-dessus !)

Les jours qui nous attendent ne devront pas mourir pour venger ceux qui se sont enfuis.

Relis-la bien. Apprends-la par cœur.

 

Canis Lupus. J’adore ce loup, tiré du film d’animation de Wes Anderson, « Fantastic Mr. Fox » (2009). Il symbolise bien la liberté de créer à chaque pas, malgré ce qu’il en coûte, la personne qu’on veut être.

 

Plus récemment, sur le chemin de mes observations, j’ai réalisé que les expériences que nous vivons et revivons ne sortent pas du hasard de nulle part. Souvent nous allons les chercher, ces expériences-là en particulier et pas une autre, parce qu’elles sont une nouvelle chance de retraverser quelque chose qu’on a bloqué par le passé. Retraverser en étant la personne qu’on est aujourd’hui, plus grande, plus forte, ou simplement mieux accompagnée, pour peut-être, enfin, le dépasser.

La vie ne nous propose pas toujours le même plat, c’est NOUS qui choisissons toujours le même plat.

C’est la réflexion que je partageais avec vous, sous une forme un peu plus légère j’espère, dans ma dernière newsletter (newsletter 91 # 12 décembre 2021).

Nous choisissons toujours le même plat alors que pourtant nous avons changé. Nous changeons même constamment, qu’on le veuille ou non, simplement parce que c’est le mouvement de la vie. Si on se pose on est mort, t’as vu. À partir de là, puisque ces mystères nous dépassent comme disait Cocteau, pourquoi ne pas décider de faire corps avec ce changement, de le célébrer au lieu d’en avoir peur ?

 

Noël 1981. Est-ce que 40 ans plus tard je suis encore obligée de me comporter comme elle pour lui être fidèle ? Est-ce que je l’aide à grandir en continuant à réagir comme si j’avais trois ans ? Est-ce que je ne lui dois pas mieux que ça ?

 

Et si, être fidèle à moi-même aujourd’hui, c’était arrêter de me penser de manière figée dans ce que j’ai été par le passé ?
Réinterroger mes croyances. Est-ce que je n’ai, vraiment, jamais été rassurante ? Est-ce que je n’ai, vraiment, jamais été, avec personne, douce, ou calme, ou bien effrayée, et même lâche ?
Est-ce que je vais obligatoirement vriller, à un moment, parce que j’ai vrillé à vingt ans ?
Est-ce que, pour me montrer loyale, je suis tenue, à vie, de décliner mon identité sous forme d’étiquettes ou de rôles qui n’ont plus cours : Salut, Audrey, déglinguée. Et toi ?

Et si, être fidèle à moi-même aujourd’hui, c’était arrêter de croire que, dans mon histoire, l’Avent est une bombe à retardement que je porte contre mon cœur et qui ne revient chaque année m’offrir une belle image par jour du calendrier de quand j’étais petite, comme la petite fille d’Andersen un rêve au bout de ses allumettes, que pour mieux me tromper et me pulvériser quand le 25 aura sonné ?
Et si cette année je pouvais décider de laisser de côté cette souffrance-là, de me désabonner ?

 

Et si, être fidèle à soi-même aujourd’hui, c’était arrêter de s’identifier aux blessures du passé en les reproduisant sans cesse, et, à la place, s’autoriser à cicatriser ?

Je vous laisse méditer cette idée puissante avec la seule Christmas song qui n’ait jamais compté pour moi…

 

Clip vidéo de Wham!, Last Christmas, album « The Final », 1986.

 

Maintenant si le clip et les paroles de Wham! ne vous ont pas convaincu(e) – pfff vous n’êtes pas fun – je vous propose de poursuivre votre introspection en écoutant l’épisode 102 du podcast « Change ma vie » qui s’appelle : Le biais de confirmation.

Le podcast « Change ma vie », je vous en ai tellement parlé que je ne le présente plus ! L’épisode sur le biais de confirmation est un de ceux que j’ai le plus souvent réécoutés, et en particulier, c’est le premier que j’ai fait écouter à la Petite Souris (12 ans et demi) pour des problématiques sur lesquelles elle bute.
Si vous observez votre vie, les événements, les rencontres que vous faites, les échanges que vous avez, et que vous parvenez à isoler l’interprétation biaisée qu’en fait votre cerveau en fonction de sa propre projection du monde, l’analyse personnelle qu’il vous livre à l’aune du discours que vous vous racontez sur vous-même depuis toujours, sur qui vous êtes, comment vous êtes, pourquoi il vous arrive tout ça, etc., vous verrez que c’est édifiant.

Ça fait peur.

 

Ne faites aucune supposition. N’interprétez pas les situations et les actes des autres.
Ayez le courage de poser des questions et d’exprimer ce que vous voulez vraiment.
Communiquez le plus clairement possible avec les autres afin d’éviter les malentendus, la tristesse et les drames.

Ces recommandations empreintes d’une grande sagesse constituent le troisième des quatre accords toltèques, celui que Don Miguel Ruiz décrit le plus brièvement en dix pages, et qui est vraiment pour moi le levier de changement le plus puissant.

Je l’ai compris à mes dépens, en juillet 2020, dans l’un des plus incroyables tours de passe-passe que m’ait joués mon cerveau. Un prestige. Une illusion parfaite, habile, brillante… mais fausse ! Cette expérience involontaire d’auto-dupe a totalement changé ma vision du monde. C’est pourquoi je me permets d’insister, pour vous mais aussi pour moi, pour me rappeler, parce que le biais de confirmation c’est pas comme la varicelle : c’est pas tu l’as grillé une fois, t’es tranquille pour le reste de ta laÿfe ! Non. Il te lâche pas, il s’immisce partout, tous les jours il se déguise et revient avec le même plat réchauffé qu’il te ressert à chaque fois, son gros doigt pointé sur ta face qui dit : tu vois ? Tu vois ce que je t’avais dit ? J’avais pas raison ? Je t’avais pas prévenu(e) ?
Et c’est quand même de la grosse merde.

Alors.
Soyez vigilant(e) avec ce que vous croyez parce que vos croyances vont déterminer vos pensées, et donc vos émotions, et donc vos agissements. Ne confondez pas ce que vous croyez avec la réalité. Et surtout, ne vous identifiez jamais à ce que vous croyez. Vous n’êtes pas quelqu’un qui. Ou en tout cas, de façon absolument certaine, vous n’êtes pas QUE quelqu’un qui. Regardez-vous de plus haut. Détachez-vous. Rappelez-vous que vous pouvez, à tout moment, choisir d’autres croyances qui vous seront plus utiles.
Monter un nouveau dossier que vous nourrirez, jour après jour, qui deviendra de plus en plus vrai au fur et à mesure que vous y croirez, et qui ne vous empêchera pas d’évoluer. Lui.

 

Je vous en parlais dans ma newsletter 64 # 2 août 2020 : le plus gros mensonge est celui que l’on se raconte à soi-même.

 

Euh… mais sinon en vrai de vrai pour cet article, j’avais prévu de vous raconter ce qui s’est passé APRÈS qu’est-ce que tu fais maman ? – je pense à des idées, pas les idées en elles-mêmes ! J’avais prévu de vous écrire un article léger avec trois courtes vidéos à voir avec vos enfants, un article de bientôt Noël quoi… Mais une fois de plus, les choses n’ont pas tourné comme je l’imaginais, au moment où je les imaginais. Je suppose qu’elles viennent me faire travailler à les accueillir comme telles…
Ce qui devait faire l’article d’aujourd’hui en sera donc la suite la semaine prochaine. Puissiez-vous vous projeter d’ici là dans les idées qui se pensent dans ma tête quand je suis interrompue par cette conversation filiale !

 

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Et vous, arrivez-vous à distinguer les messages que vous rapporte votre biais de confirmation ?
À faire un peu de ménage là-haut, histoire de changer l’eau du bocal de temps en temps ?