Charade

Photo : L’enfant gaucher. S’il cligne, il ferme l’œil droit quand moi je ferme l’œil gauche (comme je suis droitière). Tout se tient. La question qui demeure est : où sont ses lunettes ?

 

Aujourd’hui ça fait pile trois semaines que les babi sont partis en vacances. Trois semaines sur six – car oui, ma mère les a embarqués avec leurs cousins pour six semaines !!! Et tout ce qui nous vient à Mickaël et à moi, c’est : trois semaines… DÉJÀ ?!
On est DÉJÀ à mi-chemin et nous n’avons pas vu le temps passer. Du temps pour nous deux, et du temps pour chacun. Du temps pour lire, du temps pour écrire, et du temps pour penser. Du temps à vélo, du temps à pied, et c’est même pas encore assez.

Je voulais publier une photo de la chambre des garçons rangée au carrée, les lits propres, refaits impeccables et tout bien neat, mais… à l’heure qu’il est j’ai juste arraché les draps, retourné les matelas, le sol est encore jonché de Lego et de bouts de papier découpés et… comment vous dire… j’ai peur que tout cela reste en l’état un petit moment parce que je n’ai pas du tout, mais alors pas du tout envie d’avancer un orteil dans la chambre…

Je vais m’écrire un rappel en grosses capitales rouges dans mon agenda à la date du mardi 4 août :
ATTENTION ATTENTION ALERTE RETOUR DES BABI ! RANGER CHAMBRES !!!
(Ou au moins ramasser les mouches mortes qui gisent au sol, frappées par la chaleur. Refaire les lits. Au moins.)

 

La chambre des garçons. C’était le 23 juin je pense, la veille de leur départ en vacances, parce que je vois la casquette du Marcass’ par terre au fond à droite et JE SAIS que je l’ai mise dans son sac à dos. Nan mais ça va quoi, je suis pas non plus une mère indigne !

 

En attendant, les jours s’écoulent et je me ressource de ne plus répéter sans cesse la même chose. Ne plus m’occuper des petits déjeuners échelonnés, de qui préfère manger quoi, du linge sale, du linge propre, et des gros chagrins de chacun. Des disputes à régler, des injustices à réparer, des bobos à soigner, rien, je ne m’occupe de rien.
Pas même des fournitures scolaires, qu’il faudrait pourtant que j’aille acheter ce mois-ci avant de partir en vacances puisqu’on ne rentrera ensuite que le week-end qui précède la rentrée des classes.
Bon. Les trois cartables sont devant moi, là tout de suite je les vois. Toujours pleins à craquer de la fin de l’année, je n’ai rien ouvert, rien trié, rien nettoyé.

On ne peut pas tout faire dans la vie, et encore moins ce dont on n’a pas envie.

À la place – à la place d’ouvrir, trier, nettoyer – je rencontre beaucoup de monde. Il se produit comme un rattrapage de confinement, et parfois c’est même un peu trop. Trop de soirées qui se terminent trop tard, trop de fumée, trop d’alcool, puis trop de café. Trop d’excès en tous genres qui, tous, ont en commun d’être douloureusement compatibles avec la course à pied.
Je ne vous cache pas que le lendemain je me traîne comme un poids mort. Je ne me fais plus insulter sur les bords de l’Oise, d’ailleurs il n’y a plus personne sur les bords de l’Oise, mais je me brinquebale comme une vieille remorque rouillée. Avant-hier carrément j’ai fini mon running en marchant. La grosse loose.

Mickaël profite également de notre reconfiguration temporaire sans enfants. Souvent on choisit de faire ensemble, mais pour certaines activités de type jouer à la console il est mieux tout seul. Il s’administre un traitement de fond en quelque sorte. Lui-même, à sa façon.

 

Renonceriez-vous à ça ?… pour ça ?! « Beware the baby trap » est le conseil de Papa Écureuil pour votre été. Ne négligez pas tout ce qu’un simple préservatif peut faire pour vous.

 

Du côté des enfants justement, la Petite Souris nous téléphone de temps en temps pour nous dire combien ils sont heureux de vivre l’été à plein avec leurs cousins. Ils ne pensent pas aux trois semaines écoulées mais il ne fait aucun doute que s’ils y pensaient, eux aussi se diraient : trois semaines… DÉJÀ ?!
Déjà trois semaines la fête tous les jours et se coucher tard tous les soirs ?

D’abord en Corrèze : le lac, la pêche à l’écrevisse, le crapaud dans les toilettes, les pipis dans la nature au milieu de la nuit, la construction de barrages sur la rivière et les baignades dans la Dordogne. La leçon de peinture avec Éric et les chamallows grillés au feu de bois.

Puis le camping en Ardèche : la liberté totale, leur vie autonome de club des cinq comme ils s’appellent (rapport à deux filles + trois garçons = ils sont cinq), les jeux dans la piscine, les glaces le soir, les étoiles…

 

Pêche à l’écrevisse au bord du lac chez Éric, en Corrèze. (Je n’ai rien dit à ma mère mais l’enfant en boxer n’a pas ses lunettes.)

 

Un canoé pour jouer sur la Dordogne. (Je n’ai rien dit à ma mère parce que l’enfant est de dos. On peut avoir le doute.)

 

Construction de cabanes en carton et de lits pour passer la nuit tout seuls à la belle étoile… (Je n’ai encore rien dit à ma mère mais l’enfant au second plan n’a pas ses lunettes.)

 

Bien sûr il faut ajouter à ce programme de rêve ce à quoi tu exposes tes enfants dès lors que tu les confies à une instit’ (ma mère) en vacances : la visite du gouffre de Padirac et des charmants villages de Collonges-la-Rouge, Beaulieu-sur-Dordogne et Alba-la-Romaine. Le chemin de croix de Rocamadour. Le vélorail dans la campagne ardéchoise par les cinq viaducs.
Et le sauvetage d’un oisillon tombé du nid. Avec le temps calme obligatoire en début d’après-midi pour lire des romans et faire un peu de maths et de conjugaison.
Ce genre de trucs.

 

Le club des cinq à Beaulieu-sur-Dordogne après la baignade. En juin, pendant que les autres enfants sont à l’école et le goût de l’interdit encore meilleur ;-). (Idem que je n’ai rien dit à ma mère. À cause du dos. À cause que la photo est prise de dos, on peut encore avoir le doute. Si on veut.)

 

Atelier crème solaire au camping. Ils s’alignent systématiquement tous les cinq dans l’ordre de naissance. (De profil évidemment, il n’y a plus de doute possible. J’ai failli écrire à ma mère quelque chose comme : « Oh ! l’enfant du milieu a sa casquette ! » pour amorcer une suite, en creux, de ce que à l’inverse il n’a pas mais qui rime avec « casquette ». Et puis j’ai pensé que la crème solaire ça colle, surtout la bio, et j’ai abandonné.)

 

La glace du plaisir et du réconfort après le chemin de croix de Rocamadour. La Petite Souris m’a dit : « Il n’y avait pas de glace au sésame noir, maman ». Non, il n’y en avait certainement pas. C’est rare une glace au sésame noir. Si tu t’imagines que tu vas en retrouver facilement dans ta vie qui ne soit pas qu’un succédané pâle et trop sucré, ce que tu te goures… (Je n’ai toujours rien dit à ma mère mais là clairement, même dans un semi profil le visage tourné vers l’ailleurs, l’enfant du fond N’A PAS SES LUNETTES !)

 

Et puis surtout, il y a tout ce que les babi s’inventent quand ils sont tous les cinq, avec leurs cousins. Les idées qui fusent, les jeux, les cachettes, les secrets et les histoires qu’ils se racontent… ou les suppositions les plus farfelues autour de l’arrivée du mammifère eniram atat * !

Pour lire le texte de Lucien, Marcel et Lilie en Thaïlande, c’est ICI !
Pour lire le texte de Garance et Noa en Thaïlande, c’est LÀ !

 

* « eniram atat » est une anagramme proposée par mounette (c’est ça les instits hein, vous avez compris, je ne vais pas vous faire un dessin) pour jouer la surprise aux enfants de l’arrivée de ma sœur au camping. Oui parce que ma sœur est allée y passer quelques jours avec ses enfants, sa nièce et ses neveux, ELLE.

 

Le Grand Lièvre dans une épreuve type Fort Boyard qui consiste à avaler un aliment dégoûtant. Je n’ai pas eu plus d’infos sur l’aliment en question mais rien qu’à voir la tête du Marcass’ derrière, ça me suffit. (Et je pense qu’il est désormais entendu que je ne dirai plus rien à ma mère mais l’enfant n’a pas – tu sais quoi.)

 

La Petite Souris dans la joie pure et sans nuages qui la gagne quand elle est avec son cousin et que donc, la vie est belle.

 

Le Marcass’ fabrique des antennes satellites avec Jean pour mieux capter le wifi dans le camping. Parce qu’au cœur de l’Ardèche, c’est pas aussi pire que le gîte paumé qu’on avait loué à Noël, mais c’est pas easy easy non plus t’as vu… Ce qui prouve que ma maman travaille sur ses limites. Rappelez-vous son « mais moi quatre jours sans wifi, JE MEURS ! » (newsletter 50 # 5 janvier 2020).

 

Juste avant de partir en vacances avec mounette, le Marcass’ (7 ans) nous a tous impressionnés par une charade de son invention. Il a bien progressé depuis le temps des charades du voyage qui nous ramène directement à Bali – et plus précisément à Ubud.
Souvenez-vous. Je vous l’avais écrit ici : j’en pouvais plus moi des charades !

À l’époque, le Marcass’ avait 5 ans. Il ne suivait pas du tout le rythme fou de son grand frère et de sa grande sœur. Sa préférée charade c’était (clique sur le petit triangle) :

 

Il a mis du temps à comprendre ce que serait la prochaine étape, et surtout, qu’il lui faudrait la créer lui-même. Son tout, il le cherchait en vain ici ou là-bas, il craignait qu’il n’existe pas…
Et puis au mois de juin, il a trouvé un chemin et ça a donné ça :

Mon premier est quelque chose qui roule.
Mon second est ce qui sert à couper du bois.
Mon troisième est un style de musique que j’aime bien.
Mon quatrième est le contraire de raison.
Mon tout est un animal préhistorique.

 

Les « cartes du savoir » que le Grand Lièvre fabriquait pendant ces longues journées de confinement où il n’allait pas à l’école. La demande « maman, est-ce que je peux prendre la tablette pour lire des trucs sur Vikidia pour faire mes cartes du savoir ? » s’étant révélée un bon argument pour obtenir du temps d’écran supplémentaire. Accepté. Validé même. Efficace.

 

*****

 

Et vous, vos enfants, ils partent en vacances sans vous ?
Est-ce que ça vous fait des (bonnes) vacances ?

 

 

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