Le confinement avec enfants (4) : les liens

Photo : Les babi font un sandwich de câlins dans le salon. Qu’ils continuent à confondre avec une salle de jeux. Vu qu’on n’en a pas. De salle de jeux (avril 2020).

 

Depuis le début du confinement, j’ai instauré un rituel du samedi soir qui consiste à regarder un film tous les cinq. « En famille » si vous voulez, mais moi l’expression me hérisse le poil pas le voile je sais pas pourquoi. Je dois avoir un problème.

D’ailleurs je ne sais pas ce qui m’a pris avec l’idée de ces samedis soirs, surtout qu’en période de confinement je ne peux pas dire d’un coup, j’ai piscine ou je vais voir machin-il-va-pas-bien-il-a-VRAIMENT-besoin-que-je-vienne. Non. Je peux pas. Donc on regarde un film tous ensemble, « en famille », en mangeant des trucs avec les doigts sur la table basse du salon. Des trucs qu’on a préparés ensemble le matin ou l’après-midi si tout s’est bien passé. Et en dessert, de la glace à la vanille pas maison pour les babi, et autre chose de gourmand et de maison pour nous (et eux s’ils veulent).
Bon, des fois j’ai des ratés, comme quand j’ai vraiment trop divisé la quantité de sucre, ou de beurre, et alors c’est pas gourmand, c’est juste frustrant. Mais les babi s’en foutent parce que ce qui compte pour eux, c’est regarder un film ensemble et avoir de la glace à la vanille en dessert. Et je sais que là, ils sont vraiment heureux.

Bien. Bien bien. Tant mieux parce que moi je m’ennuie sévère comme un vieux rat devant des films « familiaux », et je n’arrive pas à en trouver un seul qui pourrait nous plaire à tous ET qui soit disponible en ce moment – médiathèque fermée évidemment.

J’ai demandé à Papa Écureuil de résoudre ce dilemme, rapport à ce qu’il est hyper fort pour trouver LE film parfait pour moi mais il a abdiqué direct. M’a parlé en langage mathématique, une histoire d’ensembles disjoints, wouwouwou je sais pas quoi.

 

Notre table de samedi dernier avant Billy Elliot. Cake à la roquette, amandes et tomme de chèvre (préparé toute seule parce que chacun était visiblement très occupé à autre chose pour venir m’aider), houmous, tzatziki, anchois marinés, blinis et gressins achetés tout prêts, poivron hors saison, et les biscuits aux croûtes de fromage de ma cops Clea que je fais tous les week-ends ou presque pour avancer vers le zéro déchet. Ah oui, et la fin de la fin de la bouteille de rhum gingembre maison. Pour les adultes. Pour si on s’ennuie sévère comme un vieux rat (avril 2020).

 

Bref. Samedi soir l’espoir renaît avec Billy Elliot dont on m’avait dit beaucoup de bien – inclus Papa Écureuil qui l’avait déjà vu.
(En fait bof. Surtout en VF. Mais je suis disjointe, ça doit être pour ça. On ne peut pas me trouver de film avec mes enfants.)

Enfin. Billy Elliot commence. Dès le début il y a pas mal de gros mots, je préfère vous prévenir au cas où vos enfants n’aient pas l’habitude d’en entendre. Chez nous ça va, ça passe tranquille. Le film commence, et comme d’hab’ Lulu commente.

Le Grand Lièvre (8 ans) :
– Dis donc, il est pas gentil son grand frère !

Maman Ourse :
– C’est sûr ! Vous voyez les garçons, la chance que vous avez d’avoir une grande sœur comme Garance ?

La Petite Souris (11 ans) :
– Ah ! Par contre moi j’ai pas de chance !

Le Marcass’ (6 ans) :
– Bah ouais, parce que toi t’as pas de grande sœur…

 

La grande sœur. Elle crée des bâtons de fée mais elle est vraiment grande maintenant. Genre ça lui prend des plombes de se coiffer avant de sortir pour aller dans le jardin (mars 2020).

 

Avec le confinement, et encore plus depuis le changement d’heure, les garçons se lèvent de plus en plus tard. Des fois je rentre de courir et ils ne sont toujours pas debout.
Vers 10h30 quand même, je descends voir dans leur chambre. Hier matin ils étaient réveillés mais ils discutaient tous les deux. J’ai écouté depuis la salle de bain, sans faire de bruit.

– T’inquiète Lulu, toi tu vas écrire et moi je vais dessiner des lunes. Comme je dessine mieux que toi.

C’est le Marcass’. Rappelez-vous, les crayons de couleur, tout ça.

 

Comme en voyage, le confinement les rapproche.

Les garçons passent leur temps à se battre mais ils veulent dormir dans le même minuscule lit le soir. On dit oui, et puis dans la nuit, le Marcass’ torse-nu rejoint son auge parce que le Grand Lièvre émet une chaleur que tu peux pas imaginer. Hanoï en mai.

Ils s’énervent l’un l’autre mais ils rigolent des mêmes blagues. Qu’on ne comprend pas. Et moins on les comprend, plus ils s’esclaffent.

Parfois ils partent dans un tel fou rire qu’ils en pleurent, ils s’étouffent, et Papa Écureuil leur demande de sortir de table comme mon prof de SVT du collège, Monsieur Viard, m’ordonnait de « quitter la classe si [je] ne pouvais pas [m]’empêcher de ricaner telle une grue ».
(En réalité c’est la hyène qui ricane. La grue claquette, craque, craquète, glapit et trompette, selon Wikipédia. Dans tes dents, Monsieur Viard ! Je vous ai déjà dit que, en plus de « en famille », j’avais un problème avec les profs de SVT ?)

 

La vanne des vacances (du Grand Lièvre)

– Monsieur et Madame Turatetaitir ont un fils. Comment s’appelle-t-il ?
– Marcel. Parce que Marcel tu rates tes tirs !!!

 

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Je suis émue des liens qui les serrent les uns contre les autres.

C’est vrai que je trouve que trois enfants c’est dur, si on ne veut pas renoncer à une vie devant soi. Surtout les garçons (j’ai déjà dit que : surtout les garçons ?).

Je me marre quand Fred-ma-cops m’appelle parce qu’elle a besoin d’air et m’explique que confinée d’accord, mais qu’il faut quand même qu’elle aille SEULE à la boulangerie tous les jours sinon elle va tuer un de ses gosses. Je sais que quand elle me dit « un de mes gosses », elle veut dire en fait un de ses deux garçons, pas sa fille aînée qui est un trésor comme la mienne, et je me marre parce qu’elle ne prend pas la peine de me le préciser. Elle sait que je sais.

Quand elle se morfond de vivre avec des gros crados et déplore que ses « chiottes » sentent les couloirs souterrains de la Gare-du-Nord, je sais. Je partage. Je la prends de loin dans mes bras et je lui tapote doucement dans le dos.

Je sais que tous les jours on répète : est-ce que vous voudriez bien faire attention s’il vous plaît, les chaussures en vrac dans l’entrée, les doigts dans le nez, la main dans le slip, possiblé attendre que je sois partie, faire ça quand je ne suis pas là ?
Ou : les gars, j’ai nettoyé la salle de bain, est-ce que vous pourriez la laisser propre jusqu’à ce soir ? Ou disons jusqu’à ce midi ? S’il vous plaît ?

 Je sais que les garçons c’est fatigant. Que c’est beaucoup de temps et d’énergie, de bagarres et de cris, mais parfois, c’est beau aussi.
Il faut juste être là au bon moment. Pas à la boulangerie.

 

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*****

 

Et vous, le confinement de vos enfants ?
Vous remarquez que ça les rapproche ou vous pensez qu’ils vont s’entretuer avant la reprise de l’école ?

Et sinon, pour nos samedis soirs à venir, des idées de films à voir « en famille » ?!
À part tous les Miyazaki qu’on a déjà vus et revus, les autres films d’animation qui sont des merveilles (Là-haut, Vice-Versa, Moi moche et méchant, Les Indestructibles, Fantastic Mister Fox…), et les films que j’ai jamais vus mais que j’ai jamais envie de voir (Harry Potter, Star Wars, Pirates des Caraïbes, Jurassic Park, Retour vers le futur…) ?